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                   LA BELLE REGAILLETTE.                   73




                            VI.

   A quelque temps de là, un brillant carrosse s'arrêtait de-
vant une maison de la rue des Isnards ; il en descendait un
personnage d'une parfaite distinction, soutenu par un la-
quais, galonné d'or sur toutes les coutures. C'était le baron
d'Albertas, un riche et vieux gentilhomme du Comtat d'Avi-
gnon. Il avait appris l'aventure que nous venons de raconter
et s'en venait, sans plus de façons, demander au père de Re-
gaillette la main de sa jeune et charmante fille.
   Le bonhomme parut tout d'abord interdit ; il n'en pouvait
croire ses yeux ni ses oreilles.
   — Monseigneur veut rire, dit-il.
   — Non pas du (oui, mon cher, répondit le gentilhomme ,
je vous parle très-sérieusement.
   — Comment ! un noble et riche baron comme vous, épou-
ser la fille d'un pauvre marchand comme moi ?.... ce serait
déroger, monseigneur,
   — On ne déroge pas en s'aliiant à d'honnêtes gens, re-
prit le baron.
   Et il ajouta très-galamment :
   — Si j'apporte à Regaillette la couronne de baron, Re-
 gaillette m'apportera la couronne des vertus, de la jeunesse
et de la beauté. Cette noblesse à trois quartiers en vaut bien
une autre. Allons ! poursuivit-il, je vous donne vingt-quatre
heures de réflexion. Demain , je viendrai chercher votre ré-
ponse et celle de votre belle enfant.
   M. le baron menait les affaires bon train, sans doute en
sa qualité d'ancien capitaine de mousquetaires.
   — A demain, à demain ; c'est entendu, répétait-il en pre-
nant congé du père de Regaillette, et surtout, mon cher, ne