page suivante »
58 LA BELLE REGAILLETTE. vaient rehausser les grâces naturelles de sa personne. On lui avait donné pour compagnonsd'enfance les plus jolis seigneurs de la cour : le gentil marquis de la Châtre, qu'un billet de Ninon a rendu fameux, Praslin et Vivonne, si célèbre depuis par son esprit. Tels furent les courtisans d'un enfant-roi. Le célèbre Beauchamp lui montra la danse ; Saint-Mauri lui apprit le tir des armes de chasse, et le jeune prince y ex- cella. Dirai-je, que pour compléter sa cour, il eut un nain qui n'avait, à trente-cinq ans, que quatorze pouces ? Une lettre de Mazarin, datée d'Amboise, congrature l'enfant-roi sur son aptitude à toutes choses. « Le bon Dieu, disait-il, vous a doué libéralement de tout ce qui vous est nécessaire pour être un des plus grands princes. Quand vous prenez plaisir à quelque chose et vous appliquez à bien faire, vous en venez à bout mieux que personne; soit à faire des -exercices de cheval, soit à entendre ceux de la guerre, soit au mail, au billard , à la paume, soit a d'autres choses de cette nature, vous faites voir a l'instant que vous avez plus d'adresse et d'esprit que pas un. » Le fait est qu'il y avait peu de gentilshommes qui égalas- sent le jeune prince dans l'art de monter à cheval, et, mieux que la plupart d'entre eux, il savait manier une épée (1). ' Louis XIV était à peine adolescent, que déjà on le traitait comme un sultan de Mysore. On lui avait fait une cour d'o- dalisques. Les femmes élégantes, spirituelles, aimantes, ro- manesques, s'offraient de toutes parts; il n'est pas jusqu'aux cartes qu'on ne trouvât le moyen de mettre dans le complot. On leur avait imposé celte devise : J'aime Vamour à la cour. (1) Plutarque Français. jifà stetw.