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24 BIOGRAPHIE DE LÉON BOITEL, frant, comme tous les nobles coeurs, de voir la jalousie diviser les artistes ses contemporains, fît part à Boitel de ses regrets, et lui dit : « Si on organisait des réunions « où écrivains et artistes puissent se voir, se connaître, « s'apprécier, ce serait peut-être le meilleur moyen de » faire cesser ces rivalités qui nuisent autant à l'art « qu'aux artistes ? « Boitel, prompt à saisir toute noble pensée, se mit à l'œuvre et, grâce à son aimable carac- tère, à son enjouement, à ses manières affables et plei- nes de distinction dans leur laisser aller sans prétention, il eut bientôt organisé des réunions mensuelles. Banque- ter fut le prétexte et faire naître des amitiés durables entre gens d'esprit et de talent fut le résultat. Boitel avait un amour très-vif du plaisir ; il savait le faire naître autour de lui, mais il y apportait parfois un esprit distrait et préoccupé ; il s'y précipitait avec une ar- deur fébrile comme s'il eût voulu chasser de secrètes et tristes pensées. Un jour, il travaillait dans son bureau à l'imprimerie du quai Saint-Antoine, il voit entrer deux dames ; la plus âgée, femme d'une extrême beauté, avait un port de reine ; la plus jeune, jolie blonde au teint de lis et de roses, était sa fille. De longues boucles soyeuses caressaient ses joues veloutées, deux grands yeux d'un bleu profond dénonçaient une âme angélique ; en fallait-il plus pour rendre Boitel amoureux ? Ces dames venaient lui deman- der le Cours de littérature de Collombet. Boitel ne l'avait pas là , mais il se le procura et le porta chez ces dames. Bref, tout alla si bien que la ravissante Mlle Koch, après avoir passé les six mois de ses fiançailles en Suisse, re- vint épouser Boitel,Je 19 septembre 1834. Mlle Marie-Louise Koch était protestante ; élevée par une mère de mœurs austères, elle avait reçu cette éduca-