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   bares. Oh! quand l'odeur des dépouilles du monde eut attiré
   à l'occident ou au midi ces loups de la forêt Hercinia, étonnez-
   vous que dans leur rage ils aient mis en lambeaux ce manteau
   impérial sous lesquels on voulait les étouffer, qu'ils aient écra-
   sé les aiglons dans l'aire maternelle ? Etonnez-vous que l'em-
   pire romain soit tombé d'un coup, dont l'écho fut retentissant
   dans le monde.
     Quand le torrent fut passé, que ce déluge eut englouti la ci-
  vilisation payenne, les nalions conquérantes s'assirenl et se
  reposèrent : le christianisme a pour mission de défricher la
  terre et l'esprit; et les provinces désertes se peuplent de pieux
  cénobites, qui, après avoir supporté toute la chaleur du jour,.
  le soir dans leurs cellules, écrivent d'un style simple et naïf
  comme eux, la vie d'un saint ou la chute d'une empire, ne
  soyons pas ingrats envers ces hommes de Dieu qui nous ont
  conservé tous les trésors de l'érudition antique et laissé
 tant d'intéressants travaux ! Hommes généreux et b o n s ,
 merci, vos labeurs n'auront pas été inutiles à la science.
 N'espérons pas toutefois que l'histoire ait encore fait de grands
 progrès. Epoque de foi, de croyance, le raisonnement et le
 doute n'ont point encore soufflé leur vent qui flétrit presque
 toujours, qui purifie quelquefois ; la chronique écrite est l'ex-
 pression naïve de la pensée, et la pensée alors admire et croit;
 necherchez pasl'imparlialilé, par exemple, quand la maison de
Hohenstaufendispuleauxpapes une suprématie que ceux-ci s'ar-
rogent ; aux yeux du moine, le vicaire de Jésus a raison et l'em-
pereur, lui, sera l'impie, le réprouvé, l'ennemi de Dieu et
des hommes : ou bien, le temps est calme, et ces esprits amou-
reux de contes puérils, d'anecdotes merveilleuses, mais dé-
pourvus d'analyse et de discernement, ne laisseront qu'une
œuvre lourde, embarrassée, une compilation pénible, indi-
geste ; œuvre utile sans doute, compilation féconde ; vienne
quelqu'un qui lance dans ce cahos un puisant fiât lux, et la
lumière, croyez-le bien, n'éclairera pas le néant.
    Et ce que je viens de dire de l'Europe chrétienne, j'aurais