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et invariables, une foule d'autres lois exclusivement pro->
près aux temps, aux lieux, aux différents modes, aux dif-
férents degrés du développement intellectuel et moral
de l'humanité ; la législation littéraire d'un peuple ou d'une
époque ne saurait donc toujours être celle d'un autre
peuple, d'une autre époque.
   Or, nous sommes séparés d'Athènes et de Rome, moins
encore par la distance des siècles que par la distance in-
commensurable des idées. Entre les anciens et nous, il y
a une révolution la plus radicale, la plus complète qui
fut jamais, le christianisme. C'est comme ua monde tout
nouveau que la main créatrice a surperposé à un autre
monde. Nous, hommes du dix-neuvième siècle, que nous
sommes loin d'envisager Dieu, la vie, l'homme, le monde
comme les envisageaient le siècle de Périclès et le siècle
d'Auguste !
   Dieu, c'était pour la masse des croyants l'idéal de Fhom-
me, l'Apollon du Belvédère, le Jupiter Olympien ; c'était
pour les plus hautes intelligences, le Dieu du panthéisme
physiologique, l'ame du monde enchaînée au grand corps
de l'univers comme l'ame de l'homme à ses organes.—
Dieu, c^est pour nous l'être éternel, immense, souve-
rainement indépendant des liens de la matière, l'être qui
 d'un mot a créé le monde et le gouverne avec une sa-
 gesse, une bonté, un amour infinis.
   La vie, c'était pour eux un banquet où chaque convive
 devait s'empresser de jouir, de boire à longs traits dans
 la coupe des plaisirs, l'heure approchant où leur ame al-
 lait descendre chétive et nue dans le sombre empire des
 Mânes. — La vie, c'est pour nous le pénible et court
 noviciat d'une existence infinie en bonheur et en durée j
 c'est l'enjeu de l'éternité.