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447 On a élevé des objections contre l'érection des chaires de littérature étrangère. L'introduction d'éléments étrangers dans notre littérature, a-t-on dit, en effacera le caractère national ; et déjà a dis- paru cette élégance polie qui la distinguait. Cela est vrai; mais est-ce un mai ? Est-ce uu mal que le génie français refuse de s'emprisonner dans un cercle de fer, et s'appro- prie les richesses qui lui viennent du dehors ? L'art n'a-t-il qu'une forme? Le sublime majestueux des églises gothiques le cède-t-il en rien à la beauté riante du temple grec? Quand l'élégance des idées païennes introduites chez nous à grands flots par la renaissance, a fait place dans nos esprits à la grandeur des idées chrétiennes; quand nos mœurs étant de- venues plus graves, la légèreté française n'est bientôt plus qu'une tradition, lorsque tous les événements depuis cin- quante années se dessinent avec des proportions colossales faudrait-il regarder en nous et autour de nous par le gros bout de la lunette ? L'art et la poésie dont la nature est d'amplifier le vrai, se suicideront-ils ici en l'amoindrissant? Exhalez des regrets, si bon vous semble ; mais c'est folie v de s'insurger contre la nécessité ; l'art et la littérature su- bissent fatalement toutes les révolutions qui s'opèrent dans l'ordre social intellectuel et moral. Or, que feraient vos quelques taches d'encre dans le grand contrat d'alliance qu'ont signé les peuples modernes, et auquel ils ajoutent chaque jour une nouvelle page ? « Mais, continue-t-on, l'esprit périra sous l'amas des matériaux dont vous le surchargez. Soyez sans crainte, l'es- prit est tout puissant quand il est armé de son levier, la méthode. Plus l'esprit sait, plus il veut savoir ; et il a beau apprendre, tout ce qu'il étudie avec méthode loin d'en être surchargé, il le domine, il en est maître. D'ailleurs, suppo- sez anéanties les chaires de littérature étrangère, vous n'em- pêcherez jamais d'arriver jusqu'à nous quelques chose de ces littératures. Or, on imite mal ce que l'on connaît mal