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444 gine commune et de la fraternité de tous les hommes, a passé avec le temps et passe de plus en plus de la doctrine dans les sentiments et les mœurs des populations chrétiennes. Ce lien infiniment multiple qui rattache tous les individus de la race humaine à une même origine, une même destination, une même fin, lien de solidarité et d'amour que le dogme catholi- que nous enseigne ne pouvoir être brisé par lamort même , ce lien n'a jamais été mieux compris, entouré de plus de sympa- thies que de nos jours. Jamais n'exista plus vif désir de con- naître ce que les hommes de tous les temps ont pensé , senti, cru, souffert, espéré ; ce qu'ils surent de l'origine et des fins dernières de l'homme. Jamais la maxime fameuse : homo sum, nihil humani à me alienum pulo , ne rencontra d'écho plus uni- versel. Ajoutons que la politique, le commerce , les progrès de l'industrie ont multiplié entre les peuples d'activés et in- cessantes communications, stimulé en eux le désir de se péné- trer, de se connaître plus intimement que par des relations d'affaires, et fait naître le besoin de s'estimer et de s'aimer. Or, quelmoyen de connaître plus intimement un peuple que de l'étudier dans l'expression même de sa pensée intime ? Quelle voie plus sûre pour arriver à l'estimer et à l'aimer, que de l'aborder par ses côtés les plus beaux , par son art et sa lit- térature; l'art étant, après la religion, le sanctuaire de tout ce qu'il y a de plus élevé dans la pensée, de plus sublime dans les sentiments , de plus pur et de plus saint dans l'ame de l'homme ? D'après les considérations qui précèdent, on conçoit que M. Quinet ait fait sensation à la Faculté de Lyon. Quelque hautes, profondes, neuves et difficiles qu'aient été les ques- tions par lui traitées jusqu'à ce jour, sa parole a trouvé dans son nombreux auditoire, les plus vives et les plus complètes sympathies. C'est qu'elle éveillait des instincts déjà vivaces au fond des âmes ; qu'elle remuait dans les intelligences des sen- timents aspirant vivement à la forme nette de l'idée ; c'est que si nul n'a fait une élude spéciale de telles matières, chacun en