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Oiseaux qui, durant la froidure,
Accouriez sans crainte à ma voix,
Ma main, pour la dernière fois,
Vient vous donner la nourriture.
Chantez ; moi, je meurs sans murmure ;
Dès leur printemps mes jours flétris,
Mes jours seuls ne sont pas compris
Dans le réveil de la nature.
C'en est fait.... Le deuil des hivers
Ne doit plus prolonger ma vie,
Toute espérance m'est ravie,
Et les arbres sont déjà verts.

« Jeunes fleurs, hâtez-vous d'éclore,
Non plus pour briller un instant
Sur ce front qui se décolore,
Mais sur la tombe qui m'attend.
Ma mère détourne, en silence,
Ses tristes regards du chemin
Où votre tige se balance ;
Aurait-elle appris que demain
Ces dons que vous m'offrez encore
Seront, au lever de l'aurore,
Moissonnés par une autre main?
Sans moi mes compagnes fidèles
Près de vous reviendront s'asseoir ;
Fleurs que j'aimais, croissez pour elles,
Et vivez du moins jusqu'au soir !
De ma demeure abandonnée
Passez dans leur riant séjour,
Et puissiez-vous briller un jour
Dans leurs guirlandes d'hyménée ! »

Sa voix s'éteint en ces adieux
Sans trahir sa douleur profonde ;
Le soleil ranime le monde