page suivante »
28S tislesetsacramentaires purent, en paix et sous l'abri de la ma- gistrature, discuter les points fondamentaux de leurs croyan- ces. Chaque secte ne manqua point de s'attribuer la victoire. Zwingli finit par triompher de ses adversaires, parce qu'il avait pour lui la magistrature. Les anabaptistes durent une seconde fois s'exiler. Leurs débris, sous le nom de frères Moraves, vivent dispersés dans quelques provinces de Hol- lande, réconciliés sinon avec la grande loi catholique, du moins avec le pouvoir dont ils ne troublent plus le sommeil. Si nous élevions leur cri accusateur contre Luther, notre témoignage serait suspect peut-être. Mais, qui oserait contre- dire ces deux voix ennemies de notre culte, l'une du sacramen- taire Hospinian, disant à Luther : c'est toi qui as excité la guerre des paysans; l'autre de Memmo Simon, en appelant à la conscience des luthériens eux-mêmes, sur l'origine et la p r o - pagation de la sédition. Nous avons entendu le dernier souffle de Miinzer s'exhalant en malédictions contre le réfor- mateur ; Erasme, qui lui reproche en face d'avoir fomenté la révolte dans ses libelles contre les moines et les tètes rasées, et Luther lui-même dans tout ce que nous en avons cité. Que faut il de plus pour formuler la sentence de l'historien? C'est celle de Cochlée : Au jour du jugement dernier, Mûnzer et ses paysans crie- ront devant Dieu et ses anges : vengeance contre Luther. Telle fut la fin de la guerre des paysans. Dans le peu de temps qui leur fut donné de châtier l'humanité, on compte plus de cent mille hommes tués sur les champs de bataille, sept villes démantelées , cinquante monastères rasés , trois églises incendiées, et d'immenses trésors de peinture, de sculpture, de vitrerie, de calcographie anéantis (1). S'ils eus- sent triomphé, la Germanie serait tombée dans le cahos : (1) Génépêe porte le nombre des morts à 110,000 ; Cochlée, à 150,000. En trois ans, 26,000 paysans fureut tués en Lorraine et en Alsace, 4,000 dans le Palatinat, 6,000 dans la Hesse, 8,000 dans le Wittenberg.