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   Qsiander, le sacramenlaire, regrette que Mûnzer n'ait pas
connu ce passage du libelle de Luther contre Sylvertre Prié-
rias.
   — Si contre les voleurs nous employons la potence, contre
les meurtriers le glaive, contre les hérétiques le feu, nous
ne laverions pas nos mains dans le sang de ces chefs de per-
dition, de ces cardinaux, de ces papes, de ces serpents de
Rome et de Sodome qui souillent l'église de Dieu.
   — Pauvres paysans, ajoute Osiander, que Luther flatte et
caresse, tant qu'ils n'attaquent que l'épiscopat et le clergé !
Mais quand la révolte grandit, et que les rebelles, se riant de
sa bulle, le menacent lui et ses princes, alors paraît une autre
bulle, où il prêche le meurtre des paysans, comme il ferait
d'un troupeau. Et quaud ils sont morts, savez-vous comme
il chante leurs funérailles ? En se mariant avec une nonne !
Et, à la voix d'Osiander, vient se joindre celle d'Erasme pour
accuser Luther :
   — C'est en vain que, dans votre cruel manifeste contre les
paysans, vous repoussez tout soupçon de révolte; vos libelles
sont là, ces libelles écrits en langue vulgaire, où, au nom de
la liberté évangélique, vous prêchez une croisade contre les
 évêques et les moines : c'est là que repose le germe de tous
 lumulles.
    •—Allons,mes princes, criait Luther, aux armes ! Frappez,
aux armes, percez ! Les temps sont venus, temps merveilleux,
 où, avec du sang, un prince peut gagner plus facilement le
 ciel, que nous autres avec des prières.
   Mélancthon s'unissait à son maître pour accabler les pay-
sans. Il disait aux princes :
   — Ces rustres sont en vérité déraisonnables ; que veulent-
ils donc, ces hommes des champs qui ont encore trop de li-
berté? Joseph charge le dos de l'Egyptien, parce qu'il sait
bien qu'il ne faut pas lâcher la bride du peuple.
   Les révoltés, placés tout à coup entre la mort et l'apostasie,
 n'hésitèrent pas : la mort, c'était le martyr, l'apostasie le