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gent, mus par des chiourmes nombreuses, celles-ci vêtues de
robes et capuchons longs de satin cramoisi, celles-là de ve-
lours vert et b l a n c , d'autres de velours noir passementé d'ar-
gent, etc., etc. Ajoutez à cette pompe les salves de l'artillerie
de Pierre-Scize , le cliquetis des combats , les airs de danse ,
Jes fanfares joyeuses, les pétards des feux d'artifice, le tonnerre
des vivat, les clameurs, les cris de joie ; répandez sur ces
mille bruits, ces étoffes chatoyantes, ces beautés superbes de
îa cour_, ces joyeux seigneurs, ce bon et brave peuple , si fier
de son élégance ; répandez une atmosphère de fleurs et d'en-
cens, le soir , à la fin d'un beau jour de septembre , et dites-
 nous si les ébats du roi de France, portât-il à lui seul tous les
bas de soie de son royaume, valaient les ébats de nos vieux
Lyonnais, et leur amour pour la dépense, et le bon goût de
 leurs fêles ! Mais, hélas! que les temps sont changés !
   Si Mézerai vivait de nos jours , je croirais volontiers qu'in-
fluencé par son époque , il prête aux temps anciens le carac-
tère de nos fêtes modernes; mais voilà bientôt deux siècles
que nous avons son livre (1651) : il écrivait lui-même à cent
ans de distance du roi Henri II ; et tout préoccupé des pre-
miers Bourbons ,il n'osait, sans doute, jeter sur l'ère des Ya-
lois quelque peu de celle couleur locale si méprisée des histo-
riens de son genre.
   On pourrait, il est vrai, concilier à quelques égards les as-
sertions de Mézerai avec la vérité : l'usage des bas de soie est
autre chose que l'usage de la soie ; tout en restant convaincu
que les rois ne se réservaient pas à eux seuls les vêtements de
soie, on peut supposer que des bas de cette matière étaient
une nouveauté en 1559, surtout si ces bas étaientde tricot /car
l'origine de celte innovation n'est pas très reculée.
   Dans ce cas, il n'y a plus que de la niaiserie à citer la chaus-
sure de Henri II comme une preuve de l'état précaire des fa-
briques françaises sous son règne. C'est comme s i , dans trois
 siècles, on s'avisait de prendre l'année 1820 pour celle de l'in-
troduction de la soie en France, parce que c'est à peu près