page suivante »
176 Ah ! cessons de nous plaindre et de nous dénigrer ; Un poète à Lyon ne peut rien espérer, Dites-vous : tout dément une vaine censure , Paris n'offrirait pas une gloire plus sûre ; Le succès appartient à l'esprit ferme, oseur , Prosateur ou poète, artiste ou professeur, Qui sait fertiliser la plus stérile terre Enlève un auditoire , électrise un parterre , Donne une ame à la foule, et, voit de toutes parts Ce peuple , qu'on disait si froid pour les beaux arts , Palpitant de plaisir aux luttes de la gloire , A tous les vrais talents décerner la victoire ; Lyon, noble cité, magnifique séjour, Garde tous ces talents qui te doivent le jour ; Ouvre leur dans ton sein une arène féconde , Qu'ils y courent sans crainte et que tout les seconde, Moinsfiersde leurs succès qu'heureux et triomphants De s'entendre en tous lieux proclamer tes enfants ! LE PRESIDENT. Nous sommes un peu loin de votre comédie. Puisque rien ne retient votre muse hardie, Nos juges rassemblés vont bientôt, par devoir, Décider, sur l'esprit que vous pouvez avoir ; Si le simple tableau d'une morale austère Peut encor mériter les bravos du parterre , Nous voici tous, entrons. (Les membres du comité réunis entrent avec l'auteur; Dubois ferme la porte). SCÈNE I V . DUBOIS seul. Tremblez, monsieur l'auteur! Cinq actes c'est bien long pour votre serviteur.... C'est long pour tout le monde !.. Ah ! prenez-y bien garde ! Ma femme, qui rit peu , n'aime point qu'on m'attarde, Et si vous n'êtes pas généreux, en sortant, Elle saura par moi le sort qui vous attend ! (Il tient une clef à la main et fait signe de siffler).