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Ah ! cessons de nous plaindre et de nous dénigrer ;
Un poète à Lyon ne peut rien espérer,
Dites-vous : tout dément une vaine censure ,
Paris n'offrirait pas une gloire plus sûre ;
Le succès appartient à l'esprit ferme, oseur ,
Prosateur ou poète, artiste ou professeur,
Qui sait fertiliser la plus stérile terre
Enlève un auditoire , électrise un parterre ,
Donne une ame à la foule, et, voit de toutes parts
Ce peuple , qu'on disait si froid pour les beaux arts ,
Palpitant de plaisir aux luttes de la gloire ,
A tous les vrais talents décerner la victoire ;
Lyon, noble cité, magnifique séjour,
Garde tous ces talents qui te doivent le jour ;
Ouvre leur dans ton sein une arène féconde ,
Qu'ils y courent sans crainte et que tout les seconde,
Moinsfiersde leurs succès qu'heureux et triomphants
De s'entendre en tous lieux proclamer tes enfants !
                              LE PRESIDENT.
Nous sommes un peu loin de votre comédie.
Puisque rien ne retient votre muse hardie,
Nos juges rassemblés vont bientôt, par devoir,
Décider, sur l'esprit que vous pouvez avoir ;
Si le simple tableau d'une morale austère
Peut encor mériter les bravos du parterre ,
Nous voici tous, entrons.
  (Les membres du comité réunis entrent avec l'auteur; Dubois ferme la porte).

                               SCÈNE I V .

                       DUBOIS seul.
                            Tremblez, monsieur l'auteur!
Cinq actes c'est bien long pour votre serviteur....
C'est long pour tout le monde !.. Ah ! prenez-y bien garde !
Ma femme, qui rit peu , n'aime point qu'on m'attarde,
Et si vous n'êtes pas généreux, en sortant,
Elle saura par moi le sort qui vous attend !
                                (Il tient une clef à la main et fait signe de siffler).