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                      LE PRÉSIDENT.
Sans que leur bruit, ce soir, en ce lieu retentisse,
Sans applaudir vos vers nous leur rendrons justice,
Mais,au nom de tous ceux qui jugeant vos essais,
Seront, n'en doutez pas, charmés de vos succès,
Souffrez que, sur l'espoir où vous semblez vous plaire ,
Sur des périls certains un conseil vous éclaire.
C'est à Lyon, monsieur, où s'agite en tous sens
Le commerce si rude aux auteurs commençants,
C'est sur notre théâtre où la seule harmonie
Attire le public, à défaut de génie,
Que vous voulez donner un ouvrage entrepris
Pour relever un art, de nos jours peu compris ;
Votre pièce, dit-on, est une œuvre sévère,
Faite d'après les lois que votre goût révère ,
Où, sans chercher l'appui de tableaux saisissants,
D'un travers éternel s'indigne un vieux bon sens ;
Et c'est pour un public blasé comme le nôtre,
Que d'un genre proscrit vous vous faites l'apôtre !
C'est déclarer la guerre à vingt auteurs fameux ;
Soyez extravagant, mais amusez comme eux ;
Leur nom, en lettres d'or, figure au répertoire ,
Quand Molière et Regnard restent sans auditoire.
                  L'AUTEUR,   avec ironie.
Pour Molière et Regnard notre siècle est trop fort.
                      LE PRÉSIDENT.
Qui les lit a raison , qui les imite a tort ;
Le drame a détrôné la haute comédie ;
Un public ennuyé partout la répudie.
Mais plein de confiance en son éclat passé,
Prétendre rétablir son autel renversé ;
Au goût de nos aïeux ramener le théâtre ;
Transformer en école une scène folâtre ;
Rêver la salle comble et les corridors pleins,
Si vous avezforméce projet, je vous plains-,