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155 tant de pièces d'un lyrisme ardemment religieux, on n'en soupçonnait même pas l'existence. Une visite de M. Sainte-Beuve à M me la comtesse Christine de Fontanes, et une édition subreptice des Poèmes et Discours de son illustre père , donnée à Lyon , en 1837 , ont été les deux causes qui ont amené la publication de ce recueil. Les manuscrits de l'auteur avaient été conservés avec soin ; quel- ques vieux amis se sont empressés d'apporter leurs souvenirs, ou bien ce qu'ils pouvaient posséder d'inédit; M. Sainte-Beuve, ce critique zélé pour les réputations qui se perdent ou se ca- chent dans l'ombre, s'est mis en devoir de coordonner ces nombreux matériaux , puis , grâces à ses efforts , comme aux soins pieux de Mme de Fontanes, et aux conseils de M. de Chateaubriand , le travail s'est trouvé tel que le voici. Le 1 e r volume s'ouvre par une lettre de M. de Chateaubriand à Mme cïe Fontanes ; cette noble et gracieuse causerie du vieil- lard est émouvante et b e l l e , comme tout ce qu'il aéc rit. Vient ensuite une Notice biographique dans laquelle M. Roger, de l'Académie française a esquissé la vie de Fontanes ; puis , après cela, on rencontre une longue et poétique étude de M. Sainte-Beuve sur la vie m ê m e , sur le caractère et sur les ouvrages de Fontanes. Cet écrit se compose d'une centaine de pages , qui ont coûté à l'auteur deux mois de travail, qu'il ne regrette pas, et qui les valent assurément. Fontanes y est ap- précié avec cette judicieuse finesse qui caractérise l'illustre critique , et avec cet instinct sagace qui sait prêter aux écri- vains, ou en tirer des grâces qu'on n'y avait pas a p e r ç u e s , comme Chateaubriand le dit de M. Sainte-Beuve. Il y a ici de longs fragments d'un poème de la Grèce sauvée; le Verger s'y trouve refondu par l'auteur lui-même , et disposé en trois chants , sous le titre de la Maison rustique. Cet opus- cule prendra rang parmi les meilleurs ouvrages de ce genre. Quant aux pièces lyriques, nous remarquerons spécialement celle : A un Pêcheur, celle : Où vas-tu, jeune beauté, elc; les stances sur un village des Ccvennes, les Réflexions sur la mort