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 ques esprits justes s'étaient aperçu que les arts de chaque
 époque avaient un caractère spécial en rapport avec sa civi-
 lisation et ses mœurs. Ils pensèrent que l'étude des monuments
 des arts du moyen âge pouvait admirablement servir à l'his-
 toire intime de ces siècles reculés ; ils les étudièrent donc
 sous ce nouveau point de v u e , et bientôt de grandes et pré-
 cieuses découvertes récompensèrent leurs efforts. L e s T a y l o r ,
les Vitet, les Caumont, les L e p r é v ô t , les L e n o r m a n t , les
 Mérimée, les Didron, les Chappuys, les Chenavard, les
 S o m m é r a r d , les Allier, etc, ont créé une science et une
langue nouvelles , sources d'ineffables plaisirs pour les gens
réfléchis ^ comme pour les imaginations ardentes. Mais les
 travaux épars des savants que nous venons de citer, en gé-
néral très coûteux et difficiles à se p r o c u r e r , auraient laissé
i n a b o r d a b l e , pour le plus grand nombre , la science de l'ar-
chéologie nationale. Un jeune Lyonnais, M. L. Dussieux, élève
de l'école des Chartes, a pensé avec raison qu'il serait utile
de réunir en un tableau synoptique les résultats des travaux de
ses devanciers ; ce tableau vient d'être publié à Paris (1) ;
c'est une Å“uvre de courage autant que de conscience, qui
embrasse à la fois la sculpture , l'architecture , la peinture ,
la g r a v u r e , la m u s i q u e , et les réunit par des considérations
générales d'une haute portée. Nous parlerons d'abord de ce
qui nous y a semblé digne de blâme , nous serons ensuite
plus h l'aise pour louer.
   L'auteur débute par citer un grand nombre d'édifices reli-
gieux élevés pendant les quatre siècles qui précèdent Char-
lemagne. Nous ferons observer qu'il ne nous en reste presque
plus un seul. Les incendies, les écroulements fortuits et les
dévastations des barbares, nous en ont souvent ravis jusqu'aux
traces les plus légères. D'ailleurs le bois entrait toujours pour
beaucoup dans les conslruclions de ces époques reculées, et
le goût de l'architecture, en se répandant peu à peu dans


  (<) Il se trouve au bureau de la Revue du Lyonnais, prix : 3fr.