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difficulté dépend de la nature, et l'intrigue n'y peul r i e n : la digue e s t a faire. On raconte des menées curieuses, mais qui prendraient six pages. Au reste, on m'a dit tant de choses con- tradictoires et singulières sur l'histoire de la digue du Rhône, que j'aime mieux ne rien spécifier. La Guillotière s'appuie à de grandes fortifications élevées sur la rive gauche du Rhône vis à vis la Croix-Rousse, et la bravoure reconnue des habitants rendrait ce faubourg i m p r e - nable, si jamais le roi de Sardaigne venait l'assiéger. On ne s'attendait guère A voir le nom du roi venir en celte affaire. Mais croirait : on qu'il y a des gens à Lyon qni veulent faire de ce prince un épouvantait pour leurs concitoyens? Le malheur de cette ville,, le voici : on se marie beaucoup trop à la légère. Le mariage au XIXe siècle est un luxe, et un grand luxe; il faut être fort riche pour se le permettre. Et puis quelle manie de créer des misérables ! Car enfin le fils d'un bourgeois, d'un monsieur, comme on dit à Lyon, ne se fera ja- mais menuisier ou bottier. Tant que l'empereur a fait la guerre, on a pu se livrer, sans grands inconvénients, à ce goût patriarcal d'avoir des enfants. Mais, depuis 1815, donner un étatà un jeune homme de seize ans n'est pas une petite affaire, et cet embarras des pères de famille peut fort bien devenir un embarras sérieux pour le gouvernement. Le plus simple serait d'avoir des prêtres qui fissent un péché de cette manie d'appeler à . l'existence des êtres auxquels on ne peut pas donner du pain; mais ces messieurs travaillent dans un sens absolument opposé. Aux états-Unis,on se marie imprudemment; mais le jeune Américain a toujours la ressource d'acheter cinquante arpents de forêt avec 250 francs, un esclave avec 2,000, des ustensiles de culture et des vivres pour six mois, moyennant 1000 francs, et après cette dépense; lui, sa femme et leurs enfants, peuvent aller cacher leur misère dans la forêt vierge qui borde leur a