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 l'imitation d'un maître avec lequel on se croit des sympathies. Ainsi
 M. Reuille a évidemment imité la manière de Rembrandt. Sans doute
 il ne s'aveugle pas sur le travail sansfinqu'il s'impose par cela même.
    On aime à constater les progrès d'un jeune homme et d'un com-
 patriote ; les SÅ“urs de lait de M. Compte-Calix font oublier ses
 aquarelles de l'année dernière. On y voit de l'étude et de la bonne vo-
 lonté, un trait assez pur et un modelé remarquable. Il est fâcheux,
 quand on promet, de vouloir donner dans le mauvais goût do l'école
 Revoil, Richard et compagnie. Que fait dans le fond ce berger
 Corydon qui no sait sur quel pied se tenir? Cela tombe un peu
 dans la sensiblerie pleurnicheuse. Prenez garde, jeune peintre!
 est-ce que M. Genod, les petits berceaux, le nouveau-né et les gre-
 nadiers sensibles ne vous feraient pas peur?
    Dans ce que le livret appelle un Puits d'amour, une femme, fille,
 veuve, nonne ou mariée, ne sais lequel, fait descendre un jeune
 homme, son amant sans doute ; nous l'y laisserons avec la Vérité.
    Ce n'est pas tout, et je n'aurais pas sitôt fini, si je parlais de cha-
 cune des médiocrités qui abondent ; mais il vaut mieux pour vous, pour
 moi et pour elles en rester là. Cependant, je ne veux pas terminer
 ma lettre sans faire mention de la Boulangerie de la Grande-Char-
treuse de M. Perlet, intérieur parfaitement éclairé, et du portrait
do M. Blanchard. Sans connaître ce dernier, je gagerais qu'il doit
être ressemblant ; c'est vrai et bien peint.
    Adieu, mon cher Gentilhomme, si je ne vous ai pas trop ennuyé,
je vous écrirai encore pour vous rendre compte des paysages, des
sculptures, voire même des aquarelles.

                                                   JOSEPH A
        Ljon , 29 décembre 1838.