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29 sèment le type en est peu distingué ; la tête du jeune homme est excellente. Si vous étiez là , mon cher gentilhomme, vous vous arrêteriez avec moi devant le Repos des pêcheurs sur la côte de Pouzzole. Ce groupe est ravissant : ces hommes mâles, brunis par le soleil et l'exis- tence aventureuse des marins, sont admirablement modelés; la femme qui allaite l'enfant est charmante. Le trait, en général, est pur et suave, les lignes sont d'un beau mouvement. Les Femmes à la fontaine de Terracine réunissent les mêmes qualités, mais à un dé- gré inférieur. C'est une chose bien sentie et bien rendue que les Suites de l'oi- siveté, par MUe Thévenin ; la couleur est mauvaise, mais il y a de la vérité dans l'expression de ces figures et de ces poses. Que de souf- frances ne reflète pas cette petite toile. Passons vite ! on sent là tout à la fois l'hôpital et le dépôt de mendicité.... cela attriste. La famille Collin, vous le savez , est nombreuse et féconde en tableaux; vous disiez, il y a deux ans, qu'elle avait des instincts de meurtre, en effet, ce n'étaient que boucheries de Turcs et de Grecs. Ces propensions sanguinaires se sont, grâce à Dieu, beaucoup affai- blies. Cependant le grec reparaît encore, cette fois sous le titre pa- cifique de Femmes grecques ; nous n'en parlerons pas, si vous le voulez bien, et je passerai de suite au Roméo et Juliette , œuvre capitale de Colin père. Pourquoi toute absence de charme, lorsque la disposition du lieu et des personnages était si favorable. Roméo donne un dernier baiser à son amante, et l'on envie peu son bon- heur ; Juliette est laide et blafarde; le lit dans le fond est sale. Si on veut rendre l'amour seulement sensuel, il faudrait au moins y ré- pandre la poésie de la volupté. Les couleurs sont mal propres; la jambe de Roméo qui repose sur le balcon est réellement plus grande que l'autre. On cherche vainement dans l'expression de ces figures ce que dit Juliette à son Roméo dans Shakspear : Ne tourne pas tes yeux vers l'horizon vermeil, Tu peux rester encor, ce n'est point le soleil ; C'était le rossignol et non pas l'alouette,