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Trop faibles pour lutter durant la vie entière
Et se voir obéir par la lourde matière ;
Ils ne savent pas faire avec les socs tranchants
Jaillir les blonds épis des veines de vos champs,
Aider les nations à construire leurs tentes,
Tisser de pourpre et d'or les robes éclatantes,
Et charger les vaisseaux sous un ciel reculé,
Des tapis d'Ecbatane ou du fer de Thulé.
Est-ce donc, ô mon Dieu, que leur grâce inféconde
Est livrée en opprobre aux puissants do ce monde,
Et qu'à votre soleil chacun leur peut ôter
L'humble coin qu'il leur faut pour prier et chanter ?
Est-ce qu'au jour marqué pour la grande justice,
Afin qu'aux yeux de tous, votre enfer accomplisse
L'anathême porté sur les rameaux oisifs,
Vous frapperez ces fronts amoureux et pensifs !



Préférez-vous au lac les grands flots des rivières,
Et la roche inflexible aux tremblantes bruyères?
Les fleurs et les oiseaux vous sont-ils odieux?
Mais le cèdre est chargé de nids mélodieux,
L'hysope entre ses pieds pousse une humble racine,
Et le Liban les berce en sa large poitrine !
Les auriez-vous mêlés dans la création
Pour bannir les plus doux de votre affection?
Oh ! vous aimez, Seigneur, la forme pure et belle,
Car c'est l'achèvement de l'idée éternelle,
La splendeur de l'esprit visible à l'œil mortel.
Chacun de son côté travaille pour l'autel ;