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   Ce qui estde plus remarquable en cette exécution est qu'en-
core que la vie et les biens de tous les particuliers d'Espagne
et des traîtres de la France fust en notre main, et^ que droit
de la guerre, nous puissions venger la mort de plusieurs gens
de bien, qu'ils avoient fait exécuter injustement par des bour-
reaux, et la perle de leurs biens par eux pillés : néanmoins
nous avons usé de toute douceur, tant en leurs personnes
qu'en leurs biens mêmes. On leur a donné seureté en leurs
maisons des champs, attendant de les remettre et rappeller
quand la ville aura obtenu pardon de Sa Majesté pour eux.
   M. l'Archevêque a eu quelque mécontentement de ce chan-
gement , et a demandé de sortir ; il a esté prié de demeurer.
Nous attendons de reconnoître et obéir à celui qu'il plaira à
Dieu nous donner pour gouverneur, comme feront entendre
à Sa Majesté les députés que, dans peu de jours, nous lui en-
voyons; et cependant nous obéirons auxEschevins. Il a esté
résolu en la Maison-de-Ville et juré de n'admettre jamais
aux charges publiques nuls Italiens. Toutes choses sont si
paisibles que demain on lèvera les barricades ; il faut recon-
naître en cette conduite et exécution une grâce spéciale de
Dieu qui nous a miraculeusement délivrés de la servitude
jusqu'à la porte de laquelle nous avons donné. Enfin cette
grâce que justement, au bout de cinq ans, le même mois de
février, et les mêmes barricades qui nous avoient perdus,
nous ont rendu notre liberté (1). Cependant M. de Nemours
 demeure prisonnier de Sa Majesté.


   ( 1) Les étendards de la ligue furent arborés à Lyon le 24 février 1589, Celte
crise politique dura, en effet, jusqu'en février 1594.