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folle ! dit en riant Clément Marot... Louise, vous êtes femme
sans pareille, et tenez à la fois du démon et de l'ange... Au
reste, c'est le naturel ordinaire au sexe... M a i s , comme dit
le roi, notre sire, dans son palais rempli de beautés de tous
genres : Une cour sans femmes est un printemps sans roses!...
Adieu! Clémence, s'écria Louise L a b é , si je ne donnais pas
l'exemple, ce discoureur n'en finirait pas... et prenant le
bras de Clément M a r o t , tous deux sortirent, laissant Clé-
mence de Bourges à ses pensées plus tristes que joyeuses.


                                II.

   Un instant bien court s'est écoulé depuis la sortie de Louise
Labé et de Marot, et déjà Clémence de Bourges a oublié
leur présence ; c'est que, en effet, elle n'avait reçu leur visite
qu'avec contrainte et tristesse ; loin de l'adoucir, l a vue des
deux réjouis personnages ne pouvait qu'augmenter sa dou-
leur... Mais un bruit d'éperons a retenti sur l'escalier... Clé-
mence a prêté l'oreille, et s'est levée avec vivacité... On
frappe à la porte... Elle c o u r t , se précipite... Sur le seuil
paraît un jeune homme à la tournure à la fois élégante et
guerrière, au visage austère et agréable ; il porte son cos-
tume militaire avec grâce et aisance; un casque ombragé
d'un rouge panache couvre sa chevelure brune et soyeuse ;
une armure resplendissante protège sa poitrine...
    C'est messire Jean Dupeyrat, capitaine des chevau-légers
de la province lyonnaise, c'est l'amant c h é r i , l'époux prédes-
tiné de Clémence de Bourges. Cette dernière est retombée
sur le siège qu'elle occupait ; Dupeyrat est allé s'appuyer sur
le prie-Dieu qui orne un coin de la chambre.
   Tous deux se regardent long-temps sans prononcer une
p a r o l e ; Jean Dupeyrat est ému et t r e m b l a n t , des larmes
roulent dans les yeux de Clémence; enfin Dupeyrat, le p r e -
 mier, rompt le silence : —Clémence, chère Clémence , vous
 savez pourquoi je viens troubler votre solitude ; vous devi-