Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.348

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terre qui n'est pas la leur, dans des temps et des situations
qui ne leur appartiennent p l u s , qu'elles n'ont pu prévoir,
pour lesquelles elles n'étaient pas faites, doivent se modifier
tous les j o u r s , se retremper dans la source chrétienne , se
réchauffer au foyer de l'Evangile. Ayez donc foi et espoir,
jeunes et belles filles de J u d a , le temps approche où votre
dignité vous sera r e n d u e , où vous serez nos sœurs chéries.
Soyez confiantes en vos p r o p h è t e s , et consentez enfin à r e -
cueillir cette parole d'un des vôtres , de Zacharie , qui lisait
dans l'avenir : Réjouis-toi, fille de Jérusalem, car ton Dieu
viendra. Il est v e n u , venez à lui.
   J'ai dit que l'appréciation de notre époque nous permettait
d'espérer le prompt retour d'Israël à son Dieu : je m'explique.
Plusieurs causes concourent à faire entendre qu'une législa-
tion religieuse ou politique vieillit, se dissout et approche
de sa fin. La première de ces causes est la cessation de l'en-
thousiasme pour une opinion ou une croyance, la seconde
est le relâchement ou l'altération de la doctrine elle-même ;
la troisième enfin, plus caractéristique , est la tendance de
cette doctrine vers une a u t r e , tendance d'autant plus signifi-
cative qu'elle a plus long-temps été combattue avec rage ,
désespoir et conscience intime de faiblesse. Eh bien ! ou je
me trompe fort, ou je crois reconnaître ces trois caractères
dans le judaïsme à l'avantage du catholicisme.
    Et d'abord l'enthousiasme ou la ferveur pour le culte juif
s'éteint à Lyon. J'ai développé longuement quelles causes
l'avaient fait vivre jusqu'à n o u s ; ces causes n'existent plus
depuis l'entière liberté de conscience. Ne nous y trompons
pas , il me semble que la conservation du judaïsme a été
due bien moins à la conviction qu'à l'entêtement coura-
geux qui provoque avec délices les dangers et la m o r t ,
mais ne se donne pas le temps de raisonner, o u , pouvant
le faire, ne le veut pas. Le temps des martyrs étant donc
 p a s s é , le courage n'a plus d'aliments, la raison reprend ses
droits. Quel a été pour les Israélites le fruit de ces années