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 reur, modifièrent le rigorisme primitif, démontrèrent la né-
 cessité d'une tolérance indulgente pour les divergences des
 cultes. L'intimidation oppressive n'avait fait qu'aggraver le
 mal ; on voulut le calmer doucement; après bien des peines,
 le protestantisme obtint son droit de cilé. Cette concession
 de liberté faite aux partisans de Luther devait être le signal
de celle faite aux sectateurs de Moïse. Voyons comment elle
fut amenée et obtenue dans notre patrie.
   L'Eglise n'avait pas changé son système temporel de p r o s -
cription ; elle pensait encore qu'il ne suffisait pas toujours
d'éclairer ou de condamner, mais que les dissidences d'opi-
 nions religieuses devaient être poursuivies et extirpées sans
cesse par tous les moyens de l'humaine brutalité. Si les pro-
testants furent amenés à la paix par la révocation de l'édit
 de N a n t e s , nous ne devons voir dans cette mesure qu'une
sage disposition politique blâmée par le clergé , et cepen-
dant je puis dire que depuis cette vie au grand a i r , la ré-
forme , bien loin de s'étendre, s'est desséchée en F r a n c e ,
m a i s , encore une fois, l'Eglise, ne comprenait pas toute
l'importance, toute la sainteté du devoûment qu'elle prêtait
au protestantisme, en voulant le martyriser. Ce mode de
tyranniser les consciences se ruinait tous les jours davantage;
et le peuple s'était trop imprégné des doctrines chrétiennes
pour qu'il fût désormais possible de lui persuader qu'en m a -
tières religieuses on était saintement assassin et bourreau.
Lors donc qu'on n'eût plus rien à attendre du protestantisme
isolé, des hommes se levèrent au nom de la raison , et con-
tinuèrent à marcher vers la conquête d'une tolérance univer-
selle. C'était un second appel fait à l'Eglise et partant de tou-
tes les bouches catholiques ou autres; Rome détourna la tête,
et le haut clergé français était trop occupé de ses plaisirs ou
de son ambition pour prêter l'oreille à ces réclamations ou
diriger ce travail intellectuel. La philosophie du dix-huitième
siècle, méprisée et condamnée, s'irrita ; elle fut conscien-
cieuse d'abord, elle devint bientôt aveugle et furieuse ; n'ayant