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qu'ils avaient quelques autres livres et cahiers de papier,
les autres dirent qu'ils n'en avaient point d'autres. Alors
les commissaires rendirent aux Juifs les livres de la Bible,
et quant à ceux du Thalmud, ils les mirent sous la main
de M. le duc et de susdite dame, et les fermèrent sous
la clef et scel ; puis ils assignèrent aux Israélites un autre
jour où ils devaient se représenter personnellement, sous
peine de 25 marcs d'argent, et dire vérité sur ce qui leur
serait demandé. Ce jour élant venu, dit Paradin dans son
style naïf, M. l'official et les autres commissaires firent plu-
sieurs interrogatoires précisément à Peyret, le plus apparent
entre les Juifs. Celui-ci confessa plusieurs propositions mal-
heureuses , absurdes et abominables , tirées du livre nommé
Senedrin, et mesmement concernant le péché détestable de
sodomie, qu'il disait être licite aux Juifs (1), et infinis arti-
cles d'horrible impiété qu'oreilles chrétiennes ne pourraient
souffrir, touchant notre Rédempteur et Sauveur Jésus-Christ.
Les livres susdits sont plusieurs choses de ridicule moquerie,
et non moins d'impie athéisme. C'est pour cela, continue-
t-il, que je me déporterai d'en réciter plus au long, et y sont
les chrétiens nommés Goyns, Nozerin et Arrelin, parce qu'ils
ne sont point circoncis. Le procès fait et parfait aux Juifs,
et le tont rapporté au conseil de Mme de Bouchon, il fut fait
commandement aux Juifs de vuyder de la ville de Trévoux.

   (1) J'ignore ce que répondit Peyret, mais il est certain que les Juifs ayant
gardé leurs anciennes mœurs, conservèrent encore les souillures que leur
avait imprimées le voisinage du paganisme. Basnage nous apprend que le
Thalmud fait Adam hermaphrodite. Dans un autre passage de cet ouvrage ,
deux femmes sont introduites dans la synagogue, et viennent disputer sur
l'usage qu'un mari peut faire d'elles ; les rabbins décident nettement qu'un
mari peut faire sans crime tout ce qu'il veut, parce qu'un homme qui achète
un poisson peut manger toutes les parties de son corps, selon son bon plaisir.
Sans nul doute, au dix-neuvième siècle, la civilisation a lavé chez les Juifs
toutes ces taches de l'ame; peut-être les garderaient-ils encore sans le com-
 merce établi librement entre les nations chrétiennes.