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   Les Juifs rompirent alors tous les liens d'intérêts qui les
retenaient sur notre s o l , ils dirent à la France un adieu de
plusieurs siècles , et ce fut une pensée consolante pour eux
d'emporter dans l'exil celte conviction que le dernier édit de
leur dernière proscription avait été surpris à la folie d'un
prince qui les aimait aux jours de sa raison.
   Parmi les Israélites sortis de Lyon, les uns se retirèrent
dans les provinces méridionales et les villes de Marseille ,
d'Arles ou d'Avignon, séparées encore du royaume de France;
les autres se tinrent le plus possible rapprochés de notre
cité. A cette é p o q u e , la ville de Trévoux, située à quatre
lieues de Lyon, leur offrait un asile d'autant plus avantageux,
qu'une communication de tous les jours était établie entre
ces deux points; Trévoux, d'ailleurs, capitale du pays des
Dombes , et tenu en souveraineté par les ducs de Bourbon-
nais , ne devait point obéissance aux rois de France. Les
Juifs établirent donc dans celte ville leurs comptoirs et leurs
synagogues. Cet état de choses se prolongea jusqu'à l'année
1428 , c'est-à-dire pendant les trente-deux ans qui suivirent
l'édit de Charles TI. Je trouve dans Paradin la relation du
procès fait à ces Juifs et de leur entière expulsion du pays
des Dombes ; comme la colonie juive de Trévoux n'était que
la continuation manifeste de la-synagogue lyonnaise, je ne
puis me dispenser de rapporter quelques particularités de ce
récit.
    « Or, en l'année 1428 , la ville de Trévolz étant scanda-
lisée d'infinies et énormes superstitions et diaboliques per-
suasions dont usait celte synagogue de Juifs, les catholiques
 de la ville en firent plainte à Madame Marie de Berry, du-
chesse de Bourbonnais et dame souveraine des D o m b e s , et
à M. Amé de Thalaru, archevêque de Lyon , leur prélat. (Je
 n'ai pas besoin de faire remarquer que la cause des J u i f s ,
remise en de telles mains, devait être perdue. Aussi, l'ar-
 chevêque , provocateur peut-être de celte plainte, et dans
 tous les cas empressé à saisir celte occasion de poursuivre