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Juifs , bientôt la déroule de Poitiers et la captivité du roi
firent comprendre davantage combien avait élé sage la révo-
cation de l'édil d'exil ; les villes du royaume et principale-
ment le commerce furent imposés pour des sommes énor-
mes (1). Les richesses juives formèrent une considérable
partie de la rançon de Jean : c'est pour cela que ce prince
leur accorda plus de faveurs qu'aux chrétiens eux-mêmes. Une
ordonnance royale exemple les Israélites des gabelles, aides,
ost, chevauchée, garde des villes et forteresses , servitude et
redevances. Ces privilèges exhorbitants étaient injustes, puis-
qu'ils maintenaient la différence préexistante entre les sujets
d'un même royaume. Seulement les avantages de la législa-
 tion, cette fille des rois, si changeante et si folle, s'étaient
reportés sur l'autre plateau de la balance. A l'aide de serai
blables préférences, tour-à-tour favorables ou hostiles à l'une
 des deux religions, on creusait entre les deux peuples un
 abîme insoudable. La conciliation du dix-neuvième siècle par-
 viendra-t-elle enfin à le combler ?
    L'année 1360 vit confirmer tous ces privilèges, et les états
 généraux , comprenant les besoins du trône, environnèrent
 les Juifs de toute leur protection. Mais en même temps que
les droits d'Israël allaient s'élargissant, ses impôts ne pou-
vaient disparaître, puisque dans la pensée royale, les uns
étaient achetés par les autres. Sous le règne de Jean, chaque
Juif paya cette redevance au trésor :
Droit d'entrée en France pour un Juif et sa
   femme                                        14 florins.
 Pour chaque enfant ou domestique. . .           1 livre 2 gros.
 Droit de séjour pour un Juif et sa femme.       7 livres tourn.
 Pour chaque enfant ou domestique. . .           1 livre.
   Je puis donc dire que si, d'un côté, Jean-le-Bon affranchit
les Juifs de toutes les redevances seigneuriales ou droits im-
 posés par les villes de leur résidence, d'un autre côté, il

  (1) Lyon paya pour sa part plusieurs milliers de florins d'or.