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France à l'empereur Albert, comme si elle eût été en son
pouvoir? et cependant Philippe-le-Bel régnait toujours; car
les coups de l'Eglise avaient perdu leur force dans le do-
maine temporel. Aussi nous voyons beaucoup de Juifs ache-
ter et obtenir la faveur de ne plus porter la rouelle prescrite
par les conciles. Au mois de juin de l'année 1302, Philippe
publia même un mandement dans lequel il défend aux inqui-
siteurs d e l à foi de s'attribuer la connaissance des délits com-
mis par les Juifs.
    Mais, je le répète, si le roi de France affranchissait les Juifs
de la domination ecclésiastique , c'était uniquement pour les
 avoir d'une manière plus absolue sous sa m a i n , et cette
 protection se résumait en lourds tributs; le parlement devint
 d'autant plus docile aux volontés de Philippe , que celui-ci,
 pour le rapprocher davantage de son trône, le rendit séden-
 taire à Paris ; placé dans cette influence de cour, ce corps
agissait, prononçait et condamnait sur un signe; il se façon-
 nait sur le caprice d'un moment. Je ne puis expliquer autre-
 ment cet arrêt de 1288, qui condamne les Juifs à payer trois
 cents sols d'amende, sous ce prétexte dérisoire qu'ils avaient
 chanté trop fort dans leur synagogue. Cette curieuse sentence
 n'est pas la seule sentence qui puisse servir de monument à
 l'histoire des Juifs. Les descendants de Juda trouvaient ce-
 pendant bien doux ce repos ruineux ; ils aimaient mieux
 payer que périr.
    La position change en 1306, les Juifs sont chassés et dé-
 pouillés, mais bientôt un nouvel édit les rappelle; pendant
 quelques a n n é e s , leur vie se traîna péniblement en France,
 puis survint pour eux le bannissement définitif qui se pro-
 longea jusqu'au règne suivant. Dans ce temps , Lyon fut ir-
 révocablement intercallé à la F r a n c e , et la législation du
 royaume lui devint commune. Lors du couronnement du
 pape Clément V dans notre ville, Philippe-le-Bel s'y trouvait
 également; de mutuelles concessions furent échangées entre
 le trône et le Sainl-Siége; sans doute le roi fut guidé par Pin-