Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                302
 vieille Europe. Mais, encore une fois, je ne dois pas m'éten-
 dre sur ce sujet; il me suffit de l'indiquer.
    L'élan communiqué à la France par ce pèlerinage armé
 réveilla le souvenir des querelles religieuses, il redoubla la
 défiance et l'aversion vouées aux meurtriers du Christ, aux
 anciens habitants de Jérusalem. Si Philippe I er ne se laissa
 pas séduire par la fièvre générale des expéditions lointaines,
il ne put du moins résister à l'action des esprits qui fermen-
tait autour de lui. Le concile tenu à Clermont en Auvergne,
présidé par le souverain pontife lui-même, dut exercer éga-
lement une influence directe sur la volonté du prince fran-
 çais. Comme des craintes de trahison nécessitaient de sévères
mesures pour forcer à l'impuissance la nation juive, enraci-
née sur le sol d e l à chrétienté, Philippe crut p r u d e m m e n t
 agir en détruisant ces craintes et se débarrassant des sourdes
menées d'Israël. Les Juifs furent donc chassés. Ce peuple
malheureux ne passa pas par l'exil sans voir l'assassinat éclair-
cir ses rangs. Encore une fois, pourquoi s'étonner de ces sa-
crifices de sang ? le meurtre du Juif n'était point un crime ,
mais le simple exercice d'un droit acquis.
   La proscription ne pouvait durer. Notre France s'était de-
puis long-temps rendue tributaire de l'industrie juive. L'acti-
vité commerçante des Israélites était devenue nécessaire aux
nations, consumées déjà par le faste, mais étrangères à toute
production. L'esprit querelleur et guerroyant absorbait en
lui toute énergie vitale. D'un autre côté, la France catholique
veoait de s'appauvrir pour la conquête du Saint-Sépulcre, de
grands seigneurs avaient marché sous l'étendard de la croix,
et les provinces s'étaient en quelque sorte dépeuplées pour
fournir leur contingent à la chrétienté. L'absence des Juifs
se faisait dès lors douloureusement sentir. Philippe s'en aper-
çut; il rappela les Juifs.
  Pendant la première partie du douzième siècle, je remar-
que dans la populatien catholique de la France un accès de
bonne humeur pour les Juifs; il semble que le succès d e l a p r e -