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pas si l'argent dont ils se dessaisissaient leur serait rendu un
j o u r , les prêteurs s'arrangeaient de façon à rentrer p r o m p -
tement dans leurs capitaux, et cet avantage leur était offert
par l'énormité des intérêts. Bientôt les villes entières, forcées
de recourir à eux , se trouvaient tellement étouffées dans le
réseau de l ' u s u r e , qu'un effort violent pouvait seul les arra-
cher à celte funeste position. Aussi, vienne un édit de ban-
nissement , et nous verrons les populations se ruer sur le
riche proscrit, afin de payer leur dette avec le fer. Le nom
de Juif devint caractéristique et synonyme de celui d'usurier.
Ce vice , toujours combattu, mais toujours opiniâtre dans sa
résistance, finit par amener l'entière expulsion des Israélites
du royaume de France; et maintenant e n c o r e , Ã tort ou Ã
raison, il est l'objet du seul reproche qui ait survécu au tra-
vail des siècles.
L'étude philosophique et détaillée de la nation juive serait
une œuvre g r a n d e , capable de jeter une vive lumière sur
l'étude du Moyen-Age. Quelques hommes ont essayé ce tra-
vail avec un commencement de succès , mais il est resté en-
core à l'état d'aperçu général. C'est un tableau largement
tracé, et dont certaines parties sont plus ou moins ébauchées.
L'ouvrage le moins incomplet que nous possédions sur cette
m a t i è r e , est incontestablement celui de Basnage, et pourtant
cet auteur embrassant d'un seul coup d'œil l'universalité des
Juifs, a négligé de retracer les détails propres à chacune des
colonies israélites répandues en France. Qui donc se sentira
la patience et la force d'achever cette page de la vie des peu-
ples? L'entreprise est difficile , mais elle est noble.
Pour m o i , je n'ai eu d'autre intention que de livrer quel-
ques matériaux à l'historien qui viendra peut-être. Notre lo-
calité fut le siège d'une colonie juive, célèbre surtout par ses
richesses, et dont il reste à peine un fantôme de nom. Les
Israélites qui maintenant habitent Lyon ne sont liés par au-
cune relation traditionnelle avec ceux qui les ont précédés
dans nos m u r s , ils n'ont gardé d'eux aucun souvenir. Celte