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ce peuple ; néanmoins, de nos jours encore, il n'a point re-
noncé à l'espoir de son établissement, et passe sa vie à
attendre le Messie , qui ne viendra plus. Il est facile de com-
prendre que les fractions du peuple juif, en apportant dans
l'esclavage leurs espérances et leurs préventions nationales ,
durent y conserver leur individualité. Bientôt les ferments
de haine embrasèrent le m o n d e , et les persécutions qui épu-
rent et sanctifient, mais ne détruisent pas , se chargèrent de
les éterniser.
   C'est un triste tableau que celui de ce peuple tour à tour
accusateur ou accusé, rappelé ou chassé, caressé ou frappé,
victime de confiscations générales ou se vengeant à force de
déprédations partielles , persécuteur ou persécuté, mais tou-
jours maudit et toujours maudissant. Toutefois, la somme
des vexations dont les Juifs eurent à gémir fut incompara-
rablement plus forte que celle de leurs vengeances isolées,
et trop souvent la calomnie vint en aide à la haine publique
pour aggraver leur sort.
    La puissance ecclésiastique s'écartant des principes de t o -
lérance qu'elle avait puisés dans le christianisme, ne se con-
tenta pas de réduire les Israélites à l'impossibilité de nuire ;
son œuvre eût été sainle si elle se fût bornée là , mais elle
s'efforça d'extirper par la violence les derniers rejetons de la
l'ace proscrite. Les intentions de l'Eglise furent b o n n e s , ses
voies furent mauvaises ; dans le but de prémunir les fidèles
 contre les tentatives du prosélytisme judaïque, elle ameuta
les peuples et les rois contre les enfanls d'Israël. Dès le com-
 mencement du 12 e siècle, on raviva les dissensions religieuses
 par des accusalions absurdes : chaque nouveau fléau dérivait
 directement ou indirectement des Juifs ; c'étaient les Israé-
 lites q u i , par l'empoisonnement des fontaines, causaient les
 pestes et la mortalité publique ; c'étaient eux q u i , par leurs
 relations avec les Sarrasins, changèrent en déroutes san-
 glantes les triomphes prédits des Croisés ; c'étaient eux, enfin,
 qui, par leurs profanations sacrilèges, provoquaient la colère