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   Cette proscription , M. Pons la préféra à l'abandon de ses
principes. M. de Chabrol avait reçu l'ordre exprès de lui
offrir une autre préfecture que celle du Rhône , s'il voulait
prendre la cocarde blanche, surtout s'il consentait à faire une
proclamation favorable à la cause royale. M. de Chabrol
n'avait osé hasarder sa proposition dans un tête-à-tête ; il la
risqua en présence du maréchal Suchet. Le maréchal était
d'avis que la proposition, fort h o n o r a b l e , selon l u i , devait
être acceptée. M. Pons repoussa et les offres et les avis. On
revint à la charge, il demeura inflexible. Le maréchal lui
demanda comme une grâce de mettre dans sa dernière p r o -
clamation quelques mots pour son successeur. Cela amena
une transaction. M. Pons promit ce que le maréchal désirait,
et M. de Chabrol s'engagea à s'opposer à toute espèce de
réaction. C'est ce qui explique pourquoi il fut fait mention
de celui-ci dans les touchants adieux aux Lyonnais.
   Les Lyonnais n'ont point oublié la noble et loyale conduite
de M. Pons, ses actes d'un si courageux et si pur patriotisme;
le langage digne et affectueux qu'il leur parlait, et qu'avant
lui ils n'étaient pas accoutumés à entendre sortir de la bouche
de leurs magistrats. Ils lui ont voué un amour véritable el une
reconnaissance éternelle. Voici deux faits qui le prouveront.
   Lorsque l'exil eut payé le dévouement de M. Pons à la
cause de la patrie , il était à Turin , presque sans ressources.
Un monsieur qu'il ne connaissait pas se présente un jour à
son hôtel. L'étranger ne se nomma p o i n t ; il dit seulement
qu'étant Lyonnais , et supposant que dans la précipitation
de son départ, l'ex-préfet de Lyon n'avait peut-être pu se
munir de tout l'argent qui lui devait être nécessaire, il ve-
nait le supplier d'accepter une assez forte somme en or qu'il
lui apportait comme un témoignage de l'affection de ses
compatriotes. M. Pons fut vivement ému d'une démarche qui
lui démontrait jusqu'à quel point il avait fait chérir son ad-
ministration à Lyon, mais il eut le regret de ne pouvoir ap-
prendre le nom de ce digne citoyen, dont, malgré la pénurie