Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.140

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élevées , en lui contestant l'intelligence et l'amour des arts.
—J'ai entendu l à , Monsieur, de ces mots qui renversent tous
les étonnements , de ces jugements littéraires d'un grotesque
inimaginable, de ces sorlies en l'honneur de la morale ou-
tragée , qui me faisaient estimer celte morale , la plus solte
chose du monde. C'est un de ces financiers orthodoxes q u i ,
à propos de Lélia , appelait Georges Sand la patronne des
forçats libérés. En musique , en peinture , on les trouve de
même force , traitant de fous et de fainéants quiconque s'en
 occupe, de visionnaires les organisations rêveuses et impres-
 sionnables.
     Vous voyez donc , Monsieur, que je n'ai point médit de la
 bourgeoisie commerçante de la seconde ville de France; j'ai
 appelé les choses par leur nom , et voilà tout. J'ai déploré
 que cette seconde ville de France n'imitât pas sa sœur aînée;
 j'ai gémi de ce q u e , foyer d'une grande activité sociale, elle
 concentrât exclusivement sa puissance sur des intérêts indus-
 triels; j'ai pleuré comme Job sur le délaissement dans lequel
 gissait le petit nombre d'artistes produits par notre s o l , et
 interrogeant le fond des mœurs et des habitudes, je n'ai rien
  espéré des généreux efforts tentés par quelques hommes
  livrés à leur propre force , pour réveiller notre ville de son
  engourdissement moral.
     Que voulez-vous, Monsieur, je ne suis plus à ce temps de
  jeunesse où l'espérance est le voile derrière lequel apparaît
  toute chase. Alors j'eusse jeté des cris de joie en apprenant
  la création de la Société des Amis des Arts ; j'aurais vu dans
  ce fait l'empreinte de la marche du genre humain ; j'aurais
  rêvé la prochaine transfiguration de nos dessinateurs de fa-
   brique en R a p h a ë l , en Paul Véronèze , en Claude Lorrain ;
  j'aurais aperçu dans un avenir prochain l'enfantement de mer-
   veilleux m o n u m e n t s , la transformation miraculeuse de nos
   bourgeois en Mécènes généreux et éclairés. — Au lieu de ces
   beaux et doux rêves , grâce à mes cheveux qui grisonnent,
  j'ai vu des souscriptions obtenues par obsession ou données