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8fi de son esprit ; de là viennent sans doute les erreurs de sa palette. C'est grand d o m m a g e , en vérité, c a r i e sentiment de la vie animale est admirablement compris par l u i ; son troupeau est d'une pureté de trait remarquable ; il ne man- que à cela qu'une touche plus confiante, une verve plus désordonnée, une couleur moins calculée. J'en dirai autant de l'Ecurie de la Tête d'Or, où les trois vaches du fond sont^ mises en relief d'une façon si fine et si vraie. Pourquoi Du- claux ne laisse-t-il pas sa brosse aller capricieusement? pour- quoi tant de sagesse? Si son écurie et ses animaux du p r e - mier plan étaient plus rudement attaqués , tout y gagnerait. Son troisième tableau, les Brebis mal gardées, est un petit épisode traité avec le même mérite et les mêmes défauts. Le paysage , bien composé comme ligne , laisse beaucoup à désirer comme couleur. Dubuisson a pris une honorable revanche de son peu de succès à l'Exposition passée. Je ne prétends pas en faire hon- neur à la critique, car si le public n'a pas pour l'artiste le res- pect et l'estime qui lui sont dus , celui-ci professe la plupart du temps un mépris assez leste pour les jugements du pu- b l i c . — L e s louanges n'ont jamais t o r t , les critiques toujours. — Aussi Dubuisson n'a-t-il pas changé sa manière ; ses pay- sages présentent les mêmes défauts ; sa couleur n'est pas plus lumineuse ni plus vraie; mais il faut le féliciter d'avoir cette fois choisi le genre de composition pour lequel il montre une aptitude remarquable. Son Attelage de Boulier provençal embourbé sur un grand chemin est un fort joli tableau. Les chevaux sont justes et parfaitement étudiés. Le peintre a fait preuve d'observation. Le limonier, géant de la race cheva- line , excité par le conducteur, donne un vigoureux coup de collier; l'impulsion se communique au cheval qui le suit, et se perd au troisième; celui qui est en t ê t e , éloigné qu'il est du fouet et des jurements du maître , s'est arrêté en tra- vers de la roule. De la sorte , il y a diversité d'allure, diver- sité j u s t e , que chacun de nous a pu remarquer dans des