Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 •11

navigation par la vapeur, dont notre ville est le centre , et à
cette nature variée et féconde en sites heureux qui nous en-
t o u r e , et dont nous sommes si fiers.
    L à , ce n'est pas celte eau nonchalante dont il est difficile
de distinguer à l'œil la marche paresseuse de l'immobilité ab-
s o l u e , coulant dans un lit partout encaissé et partout uni-
forme. Ce n'est pas non plus le torrent impétueux prome-
nant partout la désolation et l'effroi. C'est tout cela réuni.
Tantôt le fleuve parcourt et ravage d'immenses plaines sa-
blonneuses^ où il forme un labyrinthe de bras, et où il étreinl
de vertes îles de saules, de peupliers, de vernes , qu'une
crue a fait surgir de son lit fécond, et qu'une autre englou-
 tira; tantôt il c o u l e , majestueux et compact entre des rives
élevées et qui l'encaissent profondément. Quelquefois il Fran-
chit des rapides où ses eaux bouillonnent et dont l'aspect
tumultueux effraie les regards ; ailleurs il semble se r e p o -
ser de ses fatigues, et ses eaux endormies pourraient lutter
de lenteur avec celles de la Saône, là où elles sont le plus
paisibles ; tandis que dans certains endroits le fleuve s'étend
dans toute la largeur de son immense vallée ; dans d'autres,
il se resserre dans un lit si étroit, que le moindre ruisseau
s'en contenterait à peine.
     Dans le parcours de Lyon à Seyssel, des sites variés se
succèdent ; des contrastes piquants se présentent. Ces sites,
  cette nature ne ressemblent en rien à ceux de notre Saône,
 si gracieux, si coquets , qui semblent créés pour l'idylle,
 semés de villes populeuses , de jolis villages , espacés de
 loin en loin comme pour animer la perspective. I c i , au
 contraire, tout est sauvage, d é s o r d o n n é , et pour ainsi dire
 primitif. Quelques rares villages, de vieux châteaux rui-
 nés , en vedette sur la crête des rocs escarpés, des monta-
 gnes abruptes d'un aspect désolé, s'élevant en amphithéâtre,
 se dressant comme d'immenses murailles, dont le Rhône
 lave la base indestructible : au bout de tout cela, un lac en-
 chanté, plus b e a u , plus pittoresque, sinon aussi grand que