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T'apporte quand tu sommeilles,
      Las des veilles,
Un rêve de ton pays !
Mais, hélas ! ta vie est faite ,
      O poète,
De misère et de tourment ;
Tu caches pour ton supplice
      Le cilice
Sous un riant vêtement.
C'est qu'à la foule insensée
       La pensée
Doit dérober sa douleur ;
11 faut lui montrer la rose
       Toute éclose ,
Et garder l'épine au cœur.

II faut marcher solitaire
      ;
        Sur la terre
Où nul ne doit s'attarder,
Et garder ses chants de flamme
        Dans son ame
Où Dieu seul peut regarder.
Poète , oh ! que Dieu te fasse
      Un espace
Large et rayonnant d'azur !
Pour voir sa plume qui penche
       Toujours blanche,
Le cygne veut un lac pur.
Poète , à la voix qui chante
       Si touchante,
Dis au monde ton adieu ;
Car sur la croix on attache
       Et l'on tache
L'homme qui peut être un dieu.
         CLARA-FRANCIA-MOLLARD.

   Lyon , 4 janvier 1838.