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                      SOUVENIRS D'ALGER                           535
premier, reçoit un tuyau de merisier muni d'un bout d'ambre.
C'est un Narguile d'une physionomie particulière. Pour s'en
servir, on introduit de l'eau pure dans la boule jusqu'à noyer la
partie inférieure du tube qui porte le fourneau et on allume le
kif, après s'être assuré que les joints des tubes sont bienétanche.;.
Le préparateur qui a pris minutieusement toutes ces précautions,
purge lui-même l'instrument de l'air qu'il contient encore en aspi-
rant quelques courtes bouffées et le présente au « hachaïchi »




impassible, assis sur les nattes de la a Machacha ». Celui-ci se
recueille un instant, expire bruyamment tout l'air de ses pou-
mons, embouche le tuyau de merisier et aspire le plus longue-
ment possible la fumée rafraîchie de la « Chira ». Il la rejette en
nuages épais par la bouche et par le nez et ne passe l'instrument
à son voisin qu'au moment où il sent l'ivresse venir. Elle vient très
vite et s'accompagne assez fréquemment d'une sorte de délire ho-
micide. L'intoxiqué s'arme d'une hache, d'un couteau, d'un bâton,
d'un instrument quelconque, descend dans la rue, et l'Å“il hagard,
l'écume aux lèvres, frappe au hasard de la rencontre. Les juifs
se plaignent que ce hasard là tombe sur eux plus souvent qu'à
leur tour, mais tout le monde sait qu'ils ont la monomanie de la