Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
256                         LA REVUE LYONNAISE
à s'écrier avec le bourgeois gentilhomme de Molière, écou-
tant son maître de philosophie : « Vive la science ! Ah ! la belle
chose que de savoir quelque chose. » Mais la conclusion de
Sganarelle, accompagnée de son latin grotesque, vient surtout à la
pensée : « Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette? »
   Après tous ces faits à l'appui des systèmes qu'ils doivent étayer,
on a le droit de se demander, si la certitude se compose de faits
qualifiés scientifiques et probants, quoique pourtant ils semblent
tomber raisonnablement dans la classe des chimères et des utopies,
comment donc la science va-t-elle être l'organe de toute vérité?
D'un autre côté, ne pouvons-nous pas craindre pour la lecture les
effets destructeurs du principe spiritualiste ?
   Sans doute, l'auteur de ces dissertations ne peut compter que sur
un petit nombre d'adeptes convertis à sa doctrine, et si ces con-
ceptions, quelque peu fantastiques, font courir moins de dangers,
sous le rapport des mœurs, que le roman, que le journal, que
les livres immoraux, les croyances morales et religieuses n'en
seront-elles pas moins exposées à de pernicieuses atteintes; la
corruption de l'esprit ne sera-t- elle pas facilitée ?
    Le matérialisme propagé à l'aide de doctrines prétendues scien-
tifiques dont nous avons cité un petit ^nombre de formules vise
nécessairement à la suppression de l'idée de Dieu. C'est donc
l'athéisme qui s'insurge contre toute croyance spiritualiste.
    La vérité de la théorie du transformisme, par exemple, est
proclamée, en vertu de cette seule raison qu'elle permet de se
passer du Créateur. Cette idée du Créateur est tellement importune
pour ces savants de l'école athée, que les violences de langage
traduisent quelquefois leur haine contre cette idée. Ainsi on lit
cette exclamation de colère de Roussel: « Il faut sans plus de
façon le mettre à la porte et ne plus laisser la moindre place à
cet être *. »
    Eh ! bien! les écrivains, si l'on veut les savants, qui se font gloire
de cette théorie, peuvent faire des adeptes parmi les chercheurs
de systèmes et encore parmi ceux pour qui l'idée surnaturelle
choque l'orgueil ou peut gêner les passions; d'ailleurs envers ces

  1
      Revue scientifique,   1877,