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                      DERNIÈRE AVENTURE                           243
    — Maintenant, Mademoiselle, lui dit-il en lui donnant un por-
 tefeuille bourré de billets de banque, nous allons nous retirer.
 Rendez-vous seule à la maison que je vous ai indiquée, cela est
 préférable. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, écrivez à mon
 ami ou à moi-même ; je vais à Saint-A..., dans les Vosges, chez
 M. Bidau, fabricant de glaces. Occupez-vous sans retard de trouver
 un emploi. Faites provision de courage, persévérez, et bonne
 chance !
    Laura versa quelques larmes, nous remercia et nous fit ses adieux
 en nous promettant de nous donner de ses nouvelles.
    — Eh bien! me dit Lulleval en passant son bras sous le mien,
 que dis-tu de ma dernière aventure ?
    Nous rentrâmes chez moi. Guy voulait attendre jusqu'à midi
 dans le cas où Labourette enverrait ses témoins, mais nous ne
 vîmes arriver qu'une lettre pour Laura ; c'était l'écriture de Zoé.
 Nous tombâmes d'accord qu'il fallait la faire parvenir à Laura afin
 qu'elle pût agir à son idée, qu'elle eût le mérite de résister à sa
 sœur ou la responsablité de son retour auprès d'elle.
   Le soir, Lulleval était parti.
   Une correspondance régulière s'établit entre nous. Je le tenais
au courant, à sa demande, des faits et gestes de ce monde parisien
qu'il ne regrettait pas, mais auquel il s'intéressait toujours, de ce
monde si amusant pour l'observateur et le philosophe, véritable
lanterne magique qui nous fait assister au plus hétéroclite défilé
de choses gaies, touchantes, tragiques, bouffonnes, toujours mar-
quées, dans leur perpétuel recommencement, à je ne sais quel coin
qui leur donne une physionomie nouvelle et attrayante. Connais-
sant'tous les acteurs de ces drames ou de ces comédies, Guy
faisait sur mes récits des réflexions pleines de sel et de causticité.
Puis il me parlait de sa nouvelle existence, et je puis vous assurer,
ce qui vous surprendra peut-être, que ce roi détrôné de la mode
n'avait emporté dans son exil aucun regret de ses splendeurs pas-
sées. «Si j'étais remis à mon point de départ, me disait-il, je ne
ferais pas autre chose que ce que j'ai fait. Je suis un curieux de la
vie et je voudrais jouer les rôles les plus dissemblables, connaître
les sensations les plus diverses. Le luxe et le plaisir m'ont large-
ment saturé de tout ce qu'ils peuvent offrir. Maintenant j'étudie,