page suivante »
LES FLAMANDS 587 * C'est à Conscience que l'on doit la meilleure part d'un résultat semblable. Il apparut à l'heure décisive où la dernière tentative de renaissance flamande allait prospérer ou mourir. Il importe de considérer les chances de salut qu'elle offrait alors, pour mieux apprécier cette consécration du génie. * Le véritable père du mouvement est ce Jean Frans Willems (1793-1846) qui, dès 1818, faisait aux peuples des provinces fla- mandes un chaleureux appel pour la défense et la conservation de l'idiome populaire. Son poème A en de Belgen (aux Belges) était énergique et fut remarqué. Trois siècles de domination étrangère avaient affaibli l'ancien culte des lettres. C'est à peine si la langue que parlaient Van Eyck et Rubens, si illustrée jadis par ses poètes, pouvait opposer à ses voisines des noms dont elles eussent à se souvenir. Van Zevecste Heinsius (le maître littéraire du rénovateur allemand) et le P. Poir- ters éveillent-ils de grands échos dans l'histoire de la littérature ? Willems, bien dépassé depuis, remontait d'un coup la mémoire desjours glorieux. Mais il voulait rendre plus fructueuse encore ce qu'il appelait sa mission. C'est ainsi qu'il donna coup sur coup une Etude sur la langue et la littèralure néerlandaises, des sa- vantes éditions des vieilles chansons populaires et une traduction qui passe pour admirable du fameux Renard de Vos, cette épopée sans égale des origines flamandes. L'impulsion donnée, toute une armée de travailleurs exhuma les vieux poètes, les cycles néerlandais de Charlemagne et d'Arthur, puis, des travaux de ces chercheurs (J.-B. David, Snellaert, Blom- maert, de Baecker, Bormans, etc.) s'élevèrent à leur tour des principales cités des Flandres, de fraîches voix de poètes, inspirés soudain comme par enchantement. C'était le délicat Charles de Ledejanck chantant les Villes- sœurs (Gand, Bruges, Anvers) le fier Prudent van Duyse (1804-