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                        AUGUSTIN COCHIN                             523

tives ne sont peut-être que la plus faible partie de lui-même;
jusque dans ses plus chères et plus vives amitiés, il n'a ouvert ni
versé tout son cœur. Derrière le catholique, l'économiste, le fonda-
teur de cercles, l'écrivain, l'orateur, le membre de l'Institut et le
journaliste libéral, derrière le modeste serviteur des pauvres et
l'énergique patriote qui usa ses dernières heures au pansement
 des blessures nationales, il reste un homme que ses plus excellents
biographes ont entrevu sans doute, mais n'ont pu complètement
 nous faire admirer, parce qu'ils ne le connaissaient peut-être pas
 encore complètement eux-mêmes. Ni l'éloquente préface placée en
 tète de ses opuscules par M. le duc de Broglie, comme un vase
 finement ciselé que l'Art dépose pieusement sur une tombe amie, ni
 les pages émues de MM. de Ghampagny et de Gaillard, ni lepané-
 gyrique de M. l'abbé Delarc, ni l'étude si littéraire de M. Léon Roux,
 ni même le beau livre de M. le comte de Falloux, si digne de son
 rapide succès, et qui demeurera comme l'impérissable témoi-
 gnage d'une affection fraternelle nouée sur les champs de bataille
 de la liberté et nourrie par une foi commune, ne nous ont livré
 Augustin Cochin tout entier. Si ressemblants qu'ils fussent, il man-
  quait à ses traits, gravés de souvenir et après la mort, ce je ne sais
 quoi d'intime qui vient du modèle seul, cette flamme intérieure
  qui transperce l'enveloppe corporelle et illumine la physionomie,
  comme une lampe cachée sous un mince tissu rayonne à travers
  l'entrelacement de ses fils au dehors. Ce doux reflet de l'âme, que
  le plus habile des peintres ou des sculpteurs est impuissant à rendre
  sans la collaboration du sujet lui-même, ce miroir secret, en
  quelque sorte domestique, où l'être du dedans vient projeter son
  image, parfois bien différente de celle de l'être extérieur, voilà ce
  que nous attendions encore pour que le médaillon ouïe buste de
  Cochin fût achevé, et voilà ce que nous offre un récent volume dû
  à la piété filiale de l'un de ses fils, sous le titre indiqué par lui :
   les Espérances chrétiennes.
      Comme ce titre seul est bien choisi, et comme il suffit à peindre
  l'exquise nature d'un homme qui croit en dépit de toutes les néga-
   tions contemporaines, qui espère malgré tous nos motifs de déses-
   pérance, qui aime malgré nos divisions et nos haines! Comme son
   âme, pétrie de tendresse, de vertu, de charité, de simplicité, de