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524                  LA R E V U E LYONNAISE

 confiance et de foi intrépide, y revit toute entière! Ecoutez-le lui-
 même : « Entré fort jeune dans les luttes delà vie publique, à la
fois amoureux de l'Evangile et de la liberté, parce que j'appartiens
par le sang à la vieille bourgeoisie parisienne, religieuse, raison-
neuse, laborieuse et indépendante, je me suis porté en avant, au
moment où commençait, en 1859, la grande bataille engagée dans
toute l'Europe à l'occasion de la question romaine, et, dès les
premiers jours, je me suis trouvé pris. Banni depuis ce moment de
la carrière politique, libéral trop décidé pour y rentrer par les fonc-
tions officielles, catholique trop connu pour y revenir par les élec-
tions parisiennes, rejeté tantôt pour l'une de mes convictions et
tantôt pour l'autre, spectateur ardent, soldat désarmé, je n'ai rien
de mieux à faire que de réfléchir, de philosopher et d'écrire sur
les causes et les caractères de la guerre formidable déclarée depuis
dix-huit cents ans sous toutes les formes, et, depuis vingt ans,
avec un acharnement qui redouble, à la religion de Jésus-Christ. »
    Il écrivait ces lignes en 1868 ; qu'aurait-il ajouté depuis ? C'est
un croyant qui a soigneusement gardé intact le dépôt de la foi de
ses pères, et qui la voit partout captive ou suspecte, opprimée ou
honnie, trahie ou désertée; un juste qui croyait à la justice, et qui
la cherche en vain à travers les flots de l'iniquité triomphante; un
libéral qui s'est engagé tout jeune, volontaire enthousiaste, sous les
 drapeaux de la liberté, et qui les voit déchirés, foulés aux pieds
par une foule méprisante dont les yeux ne les reconnaissent plus ;
un amoureux de la civilisation et de la paix qui assiste à regorge-
ment d'une nation par une autre, à la destruction matérielle des
 œuvres pacifiques du génie et des produits laborieux de l'industrie
 humaine, comme à la destruction morale de l'équilibre européen;
 un tendre et sincère ami du peuple, qui le cherche en vain pour
 ne rencontrer que la populace ; un Français jaloux de la gloire de
 sa patrie, et qui n'est témoin que de ses humiliations ou de ses dé-
 sastres ; un Parisien pur sang à qui Paris n'a jamais fait d'autre
 faveur que de lui permettre d'offrir sa poitrine aux balles de
 l'émeute ou de disputer sa tête aux proscriptions civiles ; un spiri-
 tualiste convaincu, épris d'idéal, qui voit la philosophie de son
 siècle, si sûre et si glorieuse d'elle-même, s'écrouler dans un vil
 culte de la matière et un athéisme plus abject encore ; un fidèle