page suivante »
BIBLIOGRAPHIE EXIL EN BEAUJOLAIS DE LAMOIGNON, CAMUS DE PONTCARRÉ ET DE L'ABBE DE MARSAC, membres du Parloment(177i), publié d'après le registre original du baillage (manuscrit inédit), par M. P. DE S.-V. — Lyon, imp. Louis Perrin, 1883. 11 y a quelques mois, est sorti, sans bruit, sans annonces, sans réclames, des presses de M. Louis Perrin, un charmant petit volume, beau par sa forme, excel- lent par le fond et qui porte le titre indiqué ci-dessus. Son auteur, par un excès de modestie, n'y a mis que les initiales de son nom, mais dussions-nous être indiscret, nous ne tairons pas ce nom, du reste, si bien porté par toute sa famille. C'est M. Pierre de Saint-Victor, un Lyonnais de vieille race. Toutefois, il est un nouveau venu dans le monde littéraire, mais ses débuts ont été un succès, on dirait une œuvre d'un érudit qui a pâli longtemps sur les livres, et de justes applau- dissements l'ont accueilli. Il nous a donné, en effet, une nouvelle et bien intéres- sante page de l'histoire générale de nos anciens Parlements, de cette grande institution toute française, « laquelle, comme l'a si bien dit M. de Carné, sortie en un jour des besoins de la royauté, s'établit, peu à peu, s'enracina, se popu- larisa jusqu'au dix-huitième siècle où elle s'énerva, avec tout le reste, pour suc- comber sous ses fautes et s'abîmer enfin dans le naufrage universel. » Ses fautes furent lourdes, surtout dans les derniers temps, et M. P. de St-Victor les a très bien exposées. « En effet, dit-il, depuis l'époque de la Fronde où il avait tenu en échec Louis XIV, enfant, le Parlement de Paris s'était fait comme une habitude de résister aux volontés royales. Non content de se poser en régulateur des questions religieuses, il aspirait à la puissance législative. Sous Louis XV, les Parlements des provinces s'unirent à ces résistances et tous tendirent à ne former entre eux qu'un seul corps, malgré la volonté contraire du roi. De là , une oppo- sition constante, où l'orgueil était pour une grande part et qui n'avait que trop de motifs de se produire, grâceà l'effervercence générale et aux impôts, multipliés ». D'Aguesseau, un contemporain, disait : « Même à la Cour, on se désabuse du respect pour la royauté et on mesure trop la considération au besoin et au pouvoir. » La Nation, cependant, ne les approuvait pas toujours, et un écrivain célèbre demandait : « Qui lésa chargés, tantôt de livrer le peuple au roi, tantôt de résis- ter au roi, sans le vœu du peuple? » paroles qui peignent au vif le rôle ambigu des Parlements, leur conduite contradictoire, leurs étonnantes usurpations, mais en l'absence d'autres garanties, leur passagère popularité.