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É P I G R A P H I E LYONNAISE 491 dues à des écrivains lyonnais. Ces « nautes » entretenaient aussi des relations de commerce avec les habitants de Nimes, au moyen de la voie Domitia et du port de Beaucaire, et les décurions de Nîmes, pour leur donner un témoignage de leur estime, leur avaient concédé gratuitement quarante places dans leur amphi- théâtre. Cette gracieuse concession était même inscrite sur des tables de pierre placées dans l'intérieur du monument, et portant les mots suivants : « Nantis rhodanicis et araricis loca numéro XL data decreto decurionum nemausensium. » Cette inscription, recueillie depuis longtemps par le musée de Nîmes, était connue du monde savant, ainsi que le fragment d'une autre inscription recueillie par le même musée, et dont il ne reste plus que les deux lettres N.R.... Plus d'un érudit passait indifférent devant ces lettres et s'en souciait peu. Mais M. Allmer qui ne né- glige aucun texte romain, fût-il d'une seule lettre, n'eut pas de peine à reconnaître dans ces deux lettres N. R... le commencement delà même inscription dont je viens de parler, et laquelle était, pa- raît-il, répétée plusieurs fois, bout à bout, sur une longueur égale à celle qu'occupaient les quarante places réservées aux « nautes » lyonnais. Mais un épigraphiste parisien avait médité gravement, quelque temps avant le passage de M. Allmer, sur ces deux lettres N.R..., et les a interprétées d'une façon vraiment des plus étranges, et qui prouve, une fois déplus, comment les prétendus savants de Paris, si dédaigneux pour les travailleurs de la province, font souvent de la science et écrivent l'histoire. Du reste, laissons M. Allmer nous le dire lui-même : « Le fragment dont il s'agit particulièrement ici vient d'être publié, travesti en N. P. : nantis Parisiciacis, dans le Bulletin épigraphique de la Gaule, p. 161, sous le titre affriandant les « nautes » parisiens à Nîmes. La fréquentation des spectacles de Nîmes par des bateliers de Paris, comme habitués honoraires de son amphithéâtre, peut sembler, en effet, une révélation d'autant plus intéressante qu'on était plus loin de s'y attendre, mais malheu- reusement se réduit à une pure faute de copie, très probablement involontaire, néanmoins grandement suspecte de complaisance. La lettre R, bien que mutilée, est si évidemment certaine, qu'on ne