Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
466                  LA REVUE LYONNAISE
nombre d'Oukils (procureurs) qui représentent les parties. Les
Musulmans peuvent, d'un commun accord, porter leurs différends
devant le tribunal français de leur circonscription. Les Cadis con-
naissent en premier ressort de toutes les affaires civiles et commer-
ciales entre indigènes musulmans, ainsi que des questions d'Etat.
Ils connaissent en dernier ressort des actions personnelles et mo-
bilières jusqu'à 200 francs de principal et des actions immobilières
jusqu'à 20 francs de revenu. L'appel se fait devant le tribunal
français compétent en dernier ressort pour les actions personnelles
et mobilières jusqu'à 1.500 francs, pour les actions immobilières
jusqu'à 150 francs de revenu. La quatrième Chambre de la Cour,
 composée d'un président,deux conseillers français et deux asses-
 seurs indigènes, connaît de toutes les questions d'État etde tous les
 litiges dont la valeur excède les chiffres ci-dessus. Les actes pu-
 blics entre Musulmans sont reçus, au choix des parties, parles
 cadis ou les notaires. Je plains de tout mon cœur le président et
 les deux conseillers français tenus de mettre le nez dans ce dépo-
 toir nauséabond. Presque tous les témoins mentent, les trois quarts
des actes sont faux. Cadis, adels, aouns, oukils, se vendent publi-
quement au plus offrant et dernier enchérisseur. C'est le triomphe
de la prévarication. Les indigènes le savent bien, aussi ont-ils
pour notre magistrature intègre autant de respect que de mépris
pour la leur, demandez-leur pourtant s'ils veulent sortir du statu
quo et être assimilés aux Français, ils vous répondront négative-
 ment, comme vient de le faire un de leurs représentants au Con-
seil général d'Alger;je ne sais quel bête orgueil de race,je ne sais
quels scrupules de religion les attachent à leur vomissement judi-
ciaire. Ils aiment les procès, poursuivent en les faisant des satis-
factions, non seulement d'intérêt, mais d'amour-propre, et mettent à
enrichir les hommes d'affaires une docilité qui laisse loin derrière
elle celle de nos meilleures vaches à lait normandes.
   La magistrature française que j'ai eu l'honneur de voir de près,
est incomparablement plus occupée que celle de la Métropole, sur-
tout depuis le rattachement des territoires militaires, et remplit sa
tâche avec au moins autant d'intelligence et de dévouement; on la
maintient cependant sur un pied d'infériorité. Elle n'est pas ina-
movible, elle n'obtient que très difficilement sa réintégration, après