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LES T R E S O R S DES EGLISES DE LYON ' 441 est deux principalement dont la perte est bien regrettable ; je veux parler d'une certaine nappe d'autel du neuvième siècle et de la rose d'or donnée par le pape Innocent IV. La Mure a consacré à la nappe tout un article dans son Histoire ecclésiastique du diocèse de Lyon (Lyon, 1671, p. 292). Comme il est le seul écrivain qui en ait parlé de visu, je crois utile de reproduire textuellement les lignes qu'il lui a consacrées. « Description d'une nappe d'autel ancienne sur laquelle parais- sent écrits, en lettres d'or, plusieurs anciens vers fort dévots, autrefois donnée à saint Rémy, archevêque de Lyon, par Berthe d'Aquitaine, épouse du comte Gérard, surnommé de Roussillon, pour l'autel de l'église de Saint-Estienne de Lyon. « Cette nappe, qui est un des plus curieux monuments de l'anti- quité sacrée qui paraisse dans Lyon, y a été heureusement con- servée dans le thrésor de l'église de Saint-Estienne où on l'y void encore aujourd'huy, enrichie et ornée de plusieurs vers anciens dans lesquels ce que l'Eglise enseigne touchant le très saint Sacre- ment et les dispositions qu'il faut apporter pour le recevoir, est nettement et dévotement exprimé. Ces vers sont marqués et écrits sur cette nappe en lettres d'or et font connoistre qu'elle a esté donnée à l'archevêque saint Rémy par une dame nommée Berthe. Et d'ailleurs, par les documents de cette église de Saint-Estienne, on apprend que ce fut du temps de Charles, roy de Bourgogne, petit-fils du roy et empereur Louis le Débonnaire et dernier fils de l'empereur Lotaire, et dont le règne commença l'an 855, que cette nappe riche et curieuse fut donnée et offerte à saint Rémy pour ladite église, le 8 des Ides de novembre, qui est le 6 dudit mois, par Berthe, appelée simplement comtesse, en latin comitissa, ce qui montre que ce fut Berthe d'Aquitaine, fille de Pépin de France, fils puisné dudit roy et empereur Louis le Débonnaire, femme du comte Gérard, surnommé de Roussillon. Cette nappe paroit encore maintenant fort belle, quoiqu'elle ressente bien le vieux temps. Vénérable messire Louys de Ville, cy-devant sacristain de ladite église de Saint-Estienne et à présent sacristain et chanoine de l'église collégiale de Saint-Ju?t et digne grand vicaire du diocèse, a eu soiu d'en tirer et communiquer les verd qui y sont avec les susdites remarques portées par les documents de ladite église aux- NOVEMD:;UI-. 1883. — T. VI. Î9