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420                     LA REVUE LYONNAISE
 ont paru et il me semble permis de formuler quelques appréciations à leur
 endroit.
    La Revue de la Révolution a été fondée en janvier 1883 par deux écrivains
 bien connus, MM. Charles d'Héricault et Gustave Bord. Après avoir prononcé
 ces deux noms, il est superflu d'indiquer quelles sont les tendances de ce recueil.
 Il suffirait, pour en être plus amplement instruit, de savoir que le gouvernement,
 obéissant à je ne sais quelle mesquine et étroite préoccupation, a formellement
 interdit à tous ses archivistes d'y collaborer ou même de fournir à la, rédaction
 aucunes notes ou documents. C'est donc une publication dont l'esprit est anti-
 révolutionnaire.
    Chaque fascicule se compose de deux parties: la première comprend les
 articles de fond, la seconde est consacrée à la publication de documents inédits.
 De plus, la Revue contient chaque mois deux reproductions, par la photogra-
 vure, de gravures et de documents.
    Parmi les articles particulièrement intéressants que renferme la première
 partie, je citerai les considérations générales de M. d'Héricault sur Y Ancien
 régime, les Francs-Maçons pendant la Révolution du savant M. Claudio
 Jannet, une étude très curieuse de M. A. Ingold, prêtre de l'Oratoire, sur
 l'Oratoire et la Révolution. Dans VEglise constitutionnelle dans la Loire-
 Inférieure, M. Alfred Lallié fait pénétrer le lecteur dans les coulisses de l'Eglise
 assermentée et fournit des détails tout à fait typiques sur l'organisation et le
 fonctionnement de ce clergé qui avait eu la faiblesse de prêter le serment à la
 Constitution civile et la folle présomption de subsister, comme corps catholique,
en dehors de l'obéissance légitimement due au siège apostolique. L'auteur s'occupe
principalement de la question du recrutement de ces pasteurs intrus qui n'étaient
à vrai dire que des fonctionnaires de l'Etat, et de l'examen de la conduite qu'ils
tinrent. Le type qu'il prend, c'est l'évêque Minée, de la Loire-Inférieure. Cette
étude est en quelque sorte toute nouvelle et sort heureusement des sentiers battus
jusqu'à ce jour.
   Je ne passerai pas non plus sous silence le travail de M. Chantelauze sur
 Louis XVII, sa mort au Temple, d'après les documents inconnus jusqu'à
ce jour. Cette question, tant de fois soulevée, portée devant la justice et tranchée
par elle, présente un regain d'actualité, aujourd'hui que vient de disparaître le
 dernier rejeton de la branche aînée de la maison de Bourbon et que les soi-disant
descendants du Dauphin, fils de Louis XVI, ont cru devoir une fois encore à cette
occasion faire entendre leurs protestations et envoyer une note en ce sens à tous
les journaux de France.
   La seconde partie consacrée aux documents inédits n'est pas moins utile, ni
moins intéressante, de nos jours surtout que l'histoire passe tout, hommes et faits,
au crible de son impitoyable critique. Telle lettre retrouvée au fond de pou-
dreuses archives en dira plus que vingt pages sentimentales ou déclamatoires à
la façon de Michelet. Une note administrative, un registre d'écrou feront parfois
crouler toute une légende. Que n'a-t-on pas dit au sujet de la Bastille? qui n'a
lu en frémissant les Mémoires de Linguet ? qui n'a éprouvé pour elle la haine
lucrative du patriote Palloy ou l'effroi moins intelligent de M. Prudhomme? Aux
diatribes quotidiennes, si souvent ressassées, toujours nouvelles cependant au
goût de la masse des lecteurs, que répondre? Rien autre chose que mettre sous
leurs yeux, comme a fait M. Gustave Bord, la liste complète de toutes les per-