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                         SOUVENIRS D'ALGER                         353
j'ai consultés à cet égard, il faut distinguer. Si le malade est encore
assez valide pour pouvoir vivre souvent de la vie en plein air, si
d'un autre côté, il est assez indépendant, assez riche pour ne
travailler, ne sortir qu'à ses heures, échapper autant que possible
aux influences de la pluie et du siroco et jouir du peu de confor-
table dont le pays est pourvu, il pourra retirer quelques bénéfices
d'un hivernage en Algérie, ni plus, ni moins d'ailleurs que d'un
hivernage dans le midi de la France. Si le malade est trop fiévreux,
trop faible pour pouvoir sortir fréquemment, ou si sa pauvreté le
condamne à des privations, à des sorties et à des travaux réglés,
il fera mieux de rester dans le pays où il a ses relations, son mé-
decin, ses garde-malades accoutumés et de consacrer à des amé-
liorations de son hygiène les dépenses que nécessiterait le voyage.
Dans aucun cas, il ne devra rester en Algérie pendant l'été, les
fortes chaleurs lui seraient plus pernicieuses que n'importe quel
hiver de France. Les névropathes, ceux surtout à qui est échu le
joli lot de l'ataxie locomotrice, ne mettront jamais les pieds sur ce
littoral où l'humidité et le siroco, deux de leurs mortels ennemis,
montent une garde permanente et leur offriraient en guise d'hos-
pitalité, un choix de tortures absolument inattendu. Une maladie,
une seule, me semble devoir trouver à Alger soulagement immé-
diat et guérison certaine, c'est celle qui consiste à surmener son
cerveau ou ses muscles et à leur faire commet tre des excès de tra-
vail. L'influence alourdissante de l'atmosphère, le spectacle, le
contact, la contagion de l'universelle paresse auraient bientôt ra-
lenti et régularisé le mouvement; le malheur est que cette maladie
partout très rare, de plus en plus rare, ne fournira jamais les
éléments d'une clientèle.
                                            JOSEPH M A I R E .
       (A suivre.)




       OCTOBRE 1883.   — T.   VI.                             Zi