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352 LA REVUE LYONNAISE plus sensibles les abaissements de température, plus pénibles les chaleurs estivales. L'insalubrité s'affirme avec une éloquence cruelle. Presque partout où on fouille le sol pour une carrière, une tranchée, un égout, les fondations d'une maison, on voit surgir la fièvre intermittente, toujours prête à se transformer en fièvre pernicieuse. Il n'est pas même besoin de fouiller le sol ; le miasme paludéen existe à l'état endémique dans les couches inférieures de l'atmosphère, à la surface des marais, des plaines basses et humides, dans les environs d'Alger, par exemple, sur les bords de l'Harrach, de l'Oued Mazafran. Les habitations manquent de confortable, la nourriture est inférieure, l'eau mauvaise et rare, les promenades poudreuses et difficiles, il n'ya d'établissements hydrothérapiques que dans les hôpitaux. Les bains ordinaires sont mal tenus et fort chers, les bains de mer impraticables. Onalechoixentreles rochers pointus et les oursins de Bab-el-Oued et Saint-Eugène, les ordures indescriptibles que les égoûts vomissent à flots sur la plage de l'Agha et les courants perfides qui se jouent sur la plage d'Hussein- Dey. Le pal, l'empoisonnement, la noyade, ce n'est pas la variété qui manque. Pas de distractions. Pas de casino. Un théâtre inter- mittent et lamentable. Il faut avouer qu'il est difficile de réunir un faisceau plus compact de conditions mauvaises. La typhoïde, la variole, l'ophtalmie purulente, la diphtérie et une foule d'autres maladies, ignorées avant 1830, se sont installées avec nous. Les enfants surtout leur paient un effrayant tribut. Que j'en ai vu passer depuis deux ans, sur le chemin de Saint-Eugène, des cer- cueils, grands comme des berceaux, emportant au cimetière la douloureuse énigme de ces commencements qui sont des fins, de ces naissances qui sont des morts ! Il convient de signaler aussi que les adultes, même les vieillards, attrapent très couramment la coqueluche et la rougeole, c'est le seul mode de rajeunissement qui puisse être mis à l'actif du . climat. Un caractère commun à la plupart des maladies algériennes, c'est leur foudroyante rapidité. Vous avez vu quelqu'un aujourd'hui, il était bien; demain, il est mal ; après demain, il n'est plus, on ne traîne pas du tout. La phtisie, la terrible phtisie, ne se guérit nulle part, trouve-t-elle du moins un soulagement quelconque dans le climat d'Alger ? D'après les médecins et les travaux que