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LE MUSEE DES PEINTRES LYONNAIS 323 n'arrivait pas à traduire exactement des tonalités absurdes et jugées impossibles, mais sa couleur avait de l'éclat et l'ensemble de ses toiles une surabondance de vie. Néanmoins et pour l'acquit de ma concience,je dois avo'uer qu'il abusa un peu des Italiens, — des costumes passés à l'état de ponsifs, et du ciel incandes- cent des campagnes romaines, — travers de son époque ; il vise à l'effet théâtral, autre travers de la même date. Avec tout cela il dépasse de beaucoup certaines célébrités de nos jours, sachant faire vibrer de temps en temps une note éclatante et incapables d'en préparer ou d'en résoudre les dissonnances accessoires. Bonnefond, comme tous les artistes de son époque, respectait le public et ne lui offrait pas une pochade comme un trait de génie. Ses tableaux sont faits, aujourd'hui on les bâcle en trois jours, sous prétexte d'inspiration. Le Mauvais Propriétaire, voilà le type de l'école lyonnaise il y a cinquante ans ; comparée aux grandes écoles d'Italie, elle prend de médiocres proportions ; sa valeur se révèle, au con- traire, quand on la met en présence des froides rapsodies classi- ques qui la précédèrent ou des fantaisies extravagantes et tout aussi fausses du romantisme. On s'est égayé sur le réchaud de la repas- seuse; c'était, au dire des beaux esprits, le sujet capital du tableau; en tous cas ce réchaud est un trompe-l'œil réussi. Soyons justes, méfions-nous des engouements comme des dénigrements de la mode. Cette scène est vulgaire, c'est le drame bourgeois, on n'y aperçoit pas la moindre académie, le moindre profil grec, ni la note accentuée à l'adresse des âmes sentimentales, mais c'est bien composé, d'une couleur exacte,- tout est vrai, l'intérieur, l'échap- pée de vue sur un coin de Lyon, les costumes, surannés il est vrai, nous les reconnaissons, et les figures, il nous semble les avoir vues ,aussi, ce sont des portraits. La Cérémonie de l'eau sainte est d'un ordre plus relevé; les figures sont groupées avec art, les types plus nobles, plus em- preints de poésie ; la couleur, peut-être, est trop uniformément chaude, cette incandescence de tons était vantée alors comme une réaction contre l'école grise. Les procédés pour l'obtenir avaient l'inconvénient de faire craqueler le vernis et de tourner au noir et l'on aperçoit déjà quelques altérations à ce tableau.