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LE MUSÉE DES P E I N T R E S LYONNAIS Il faut bien avouer cette faiblesse. Souvent, le jeudi, entraîné par une sorte d'instinct, je franchis le perron du palais Saint-Pierre, je tourne à gauche sous le portique, l'œil morne et la tête baissée, et j'entre aumuséedes peintres lyonnais, le jeudi, car le dimanche il y a foule, et que viennent faire ces intrus? ces jeunes qui n'ont pas connu le temps passé, tout prêts à rire des costumes surannés de nos vieux amis, de leurs théories en fait d'art, de leur minutie de touche ou de leur pompe classique. Pour nous, c'est autre chose ; quand on descend l'échelle de la vie on aime à s'arrêter sur un échelon pour jetter un coup d'œil sur ceux que l'on vient de franchir. En compagnie de Grobon, à 'Epinat, de Bonnefond, de Revoit, je me sens rajeuni d'un demi-siècle, je sors d'une cave obscure pour respirerau grand air le parfum des prairies et prêter l'oreille aux chants de ma jeunesse. Et pourtant! en visitant le musée on fait acte de bon goût et de justice. C'est une collection remarquable et trop peu remarquée. Partout ailleurs on ferait un beau tapage si l'on pouvait composer un musée avec des ouvrages du cru ; à Lyon, on n'a pas tant de vantardise ; on fait bien, sans battre la caisse aux quatre coins de l'univers, et pourtant!.... sans doute, chaque province a ses illus- OCTOBRE 1883. — T. VI. 21